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LE MONT DES OLIVIERS.

Si la terre est pour eux ou s’ils sont pour la terre ;
Ce qu’a de vrai la fable et de clair le mystère,
D’ignorant le savoir et de faux la raison ;
Pourquoi l’ame est liée en sa faible prison ;
Et pourquoi nul sentier entre deux larges voies,
Entre l’ennui du calme et des paisibles joies
Et la rage sans fin des vagues passions,
Entre la léthargie et les convulsions ;
Et pourquoi pend la Mort comme une sombre épée
Attristant la Nature à tout moment frappée ;
Si le juste et le bien, si l’injuste et le mal
Sont de vils accidens en un cercle fatal,
Ou si de l’univers ils sont les deux grands pôles,
Soutenant terre et cieux sur leurs vastes épaules ;
Et pourquoi les Esprits du mal sont triomphans
Des maux immérités de la mort des enfans ;
Et si les Nations sont des femmes guidées
Par les étoiles d’or des divines idées,
Ou de folles enfans sans lampes dans la nuit,
Se heurtant et pleurant et que rien ne conduit ;
Et si, lorsque des temps l’horloge périssable
Aura jusqu’au dernier versé ses grains de sable,
Un regard de vos yeux, un cri de votre voix,
Un soupir de mon cœur, un signe de ma croix,
Pourra faire ouvrir l’ongle aux Peines éternelles,
Lâcher leur proie humaine et reployer leurs ailes ;
Tout sera révélé dès que l’homme saura
De quels lieux il arrive et dans quels il ira.

III.

Ainsi le divin Fils parlait au divin Père.
Il se prosterne encore, il attend, il espère,