breuse que les trois sections de l’Académie des Beaux-Arts, qui la représentent aujourd’hui. Toutes les statues, tous les tableaux cités dans les salons de Diderot, étaient des œuvres d’académiciens. Il ne pouvait être question, à cette époque, d’un comité d’admission. Cet état de choses subsista jusqu’à la révolution, qui abolit le privilége des académiciens et l’Académie elle-même. On songeait peu à l’art à cette époque. Cependant, en 1793, la convention décréta, sous l’inspiration de David, l’ouverture d’une exposition générale au Louvre des œuvres des artistes français. Cette exposition, qu’on appela un concours, fut, suivant toute apparence, entièrement libre. Dans celles, extrêmement rares du reste, qui eurent lieu sous le directoire et sous le consulat, l’inconvénient de l’encombrement ou le besoin d’écarter les mauvais ouvrages, toujours trop abondans, introduisit l’usage d’un examen préalable, qui échut, suivant les temps et les circonstances, à des autorités différentes. Sous l’empire, où tout se faisait administrativement, c’étaient les conservateurs et administrateurs du Louvre qui étaient chargés de ce soin. La restauration innova. Les affaires de l’art passèrent de l’administration à la cour. L’examen des ouvrages présentés fut confié à une commission ou conseil particulier, nommé ad hoc. Cette commission était renouvelée à chaque exposition, c’est-à-dire tous les deux ans. Elle se composait d’une réunion d’artistes, de gentilshommes amateurs, de fonctionnaires de cour ou autres, nominativement désignés par le roi, et présidés d’ordinaire par un grand seigneur. Souvent des membres de l’institut y étaient appelés, non en vertu d’un droit quelconque, mais par le choix libre du prince. Sous toutes ces formes, et particulièrement la dernière, ce jury souleva des réclamations plus ou moins vives qui ne furent que peu ou point écoutées. Après 1830, le système de la restauration fut réformé. Cette intervention de la maison du roi dans une affaire dont la connaissance semblait devoir exclusivement appartenir à des hommes du métier, n’était pas en harmonie avec les idées et les sentimens réveillés par la révolution politique qui venait de s’accomplir. Un des premiers soins de la royauté nouvelle fut de faire disparaître cette anomalie. Les artistes demandaient avant tout un tribunal compétent ; ils croyaient avoir tout gagné si l’on en expulsait les gens de cour. Ce premier point de la réforme était facile, mais l’établissement d’un nouveau système l’était moins. Dans ce temps-là, il fallait que tout se fît vite. Pour sortir promptement d’embarras, au lieu de créer un pouvoir tout neuf, on en prit un tout fait. L’Académie des Beaux-Arts
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