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LETTRES SUR LE CLERGÉ.

gardes, le peuple, pour repousser, sans colère, mais avec fermeté, des hommes que déjà, à deux reprises, la France a expulsés de son sein ; le clergé, pour résister à des tendances qui le compromettraient gravement, et qui amèneraient infailliblement une réaction déplorable ; le gouvernement, pour maintenir envers et contre tous la liberté illimitée de conscience et pour prévenir les causes d’agitation. En définitive, les emportemens du parti jésuitique auront profité au pays, et le gouvernement trouvera maintenant plus de facilité pour faire adopter par les chambres une bonne loi sur l’enseignement. M. Villemain nous l’a promise pour l’année prochaine ; le moment est favorable, et il faut savoir en profiter. Chacun veut la conservation de la religion, chacun veut que les idées morales soient répandues dans le peuple ; mais, tout en désirant la liberté de l’enseignement, la France entière entend que l’éducation se fasse sous la surveillance de l’état, et qu’aucun parti, aucune congrégation ne puisse tenter, sous un prétexte quelconque, de former dans l’ombre des ennemis au pays.

Je vous avais annoncé, monsieur, que dans cette lettre je traiterais de la liberté de l’enseignement. Avant d’entreprendre cette grave question, j’ai dû m’arrêter un instant sur un point incident qu’il était nécessaire d’éclaircir. Délivré de ce soin, je pourrai désormais remplir plus aisément la promesse que je vous avais faite ! On verra alors qui, de l’Université ou du clergé, veut le monopole et repousse la liberté.


G. Libri.