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REVUE. — CHRONIQUE.

yeux ouverts : la Russie continue son œuvre, joue son rôle ; il serait ridicule de s’en plaindre, mais il serait plus ridicule encore que les autres puissances n’eussent pas le talent ou le courage du rôle qui leur appartient.

La diète suisse a terminé l’affaire des couvens d’Argovie. La transaction que nous avions indiquée a été en effet conclue ; le canton d’Argovie rétablit un couvent de femmes, et la diète sanctionne la suppression de tous les autres couvens argoviens.

Le royaume des Pays-Bas éprouve quelque embarras dans ses finances. L’état n’est pas grand, la dette est énorme, et le commerce hollandais, malgré son habileté, trouve aujourd’hui partout de redoutables concurrens. Nous concevons les anxiétés et les inquiétudes du ministre des finances néerlandaises. Après tout, néanmoins, les capitaux de la Hollande sont si considérables, et sa loyauté si connue, qu’on ne saurait concevoir le moindre doute sur la solution de ces difficultés. Le gouvernement ne manquera pas des ressources nécessaires, et les créanciers de la Hollande n’ont absolument rien à craindre.

L’ambassade que notre gouvernement a résolu d’envoyer à la Chine ne tardera pas à partir. Il paraît que le personnel en est nombreux, et que M. de Lagrénée sera accompagné non-seulement des personnes qui devront faire partie de l’ambassade, si effectivement le caractère d’ambassadeur est déployé, mais aussi de trois ou quatre délégués du commerce français. M. le ministre des affaires étrangères et M. le ministre du commerce ont dû se concerter à cet effet. C’est là une mesure de prudence qui sera généralement approuvée. La Chine, malgré tout ce qu’on a écrit sur cet immense empire, est un monde encore inconnu pour nous. Le commerce qu’on y a fait jusqu’ici était tellement spécial et limité, qu’on ne peut rien en inférer pour un commerce plus étendu, pour des échanges plus variés, si effectivement on peut en établir sur ce vaste marché. Des relations commerciales plus intimes sont-elles possibles pour nous ? À quelles conditions ? Pour quels objets ? Quelles concurrences aurons-nous à redouter ? Quels besoins pouvons-nous satisfaire ? Quels moyens d’échange pouvons-nous accepter ? Quelles seront les garanties pour les personnes, pour les choses ? Quelles seront les localités qu’il nous sera loisible d’aborder ? Que sais-je ? Il est une foule de questions, toutes d’une haute importance, que M. le ministre du commerce a sans doute fait préparer, et que nos villes commerçantes désirent voir résoudre. La Chine peut offrir une brillante perspective au monde commercial. Un territoire immense, de très riches produits, une population innombrable, sont, sans contredit, d’excellentes conditions pour un marché ; mais que de mécomptes sont possibles ! Que de circonstances qui peuvent rendre les premières tentatives d’échange désastreuses ! N’allons pas renouveler à la Chine les folies que l’Amérique du Sud fit commettre à tant de capitalistes et de fabricans.

À l’intérieur, la curiosité ne trouve pas d’alimens, et ce n’est pas sans peine que la presse parvient à remplir ses colonnes quotidiennes. Disons, pour dire quelque chose, qu’un nouveau journal de l’opposition vient de pa-