Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 3.djvu/169

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


Séparateur



30 juin 1843.


Les affaires d’Espagne prennent tous les jours un aspect plus sombre, et il devient tous les jours plus difficile d’en prévoir l’issue. L’insurrection n’est plus concentrée sur les côtes de la Méditerranée, à Barcelone, à Valence ; l’Aragon, la Galice, l’Andalousie, sont aussi en pleine révolte. Les capitaines-généraux ont vu leur autorité méconnue à Burgos, à la Corogne, à Séville, et ils ont dû se retirer sans pouvoir partout se faire suivre par les troupes qu’ils commandaient. L’insurrection paraît avoir deux caractères qui la distinguent de toutes celles qui l’ont précédée. D’un côté, une partie de l’armée abandonne ouvertement la cause du régent, et si une autre partie assez considérable lui demeure fidèle, il est aussi, à ce qu’il paraît, des corps qui, sans participer à la révolte, préfèrent demeurer l’arme au bras, spectateurs de la lutte ; ils ne veulent pas contribuer à la chute d’Espartero ; encore moins veulent-ils être d’aveugles instrumens entre les mains de Zurbano. D’un autre côté, l’insurrection se montre cette fois moins violente et moins désordonnée ; il y a quelque chose de grave, de réfléchi, et par cela même de redoutable, dans sa marche et dans ses résolutions. Des hommes considérables la dirigent, et leurs conseils sont écoutés, leur autorité n’est pas méconnue.

La population de Barcelone vient, dit-on, de prendre une détermination qui l’honore et qui prouve en même temps que sa résistance n’est pas l’effet d’un mouvement éphémère. Le commandant du fort de Monjouich ayant eu le triste courage de renouveler ses menaces de bombardement et de destruction, les habitans auraient résolu de quitter leurs foyers, d’évacuer la ville et de se réfugier en rase campagne, sous des tentes. Le commandant de