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DE
LA SOCIÉTÉ COLONIALE.

ABOLITION DE L’ESCLAVAGE.


Suivant la déclaration du ministère, l’abolition de l’esclavage dans nos colonies doit être solennellement discutée à la session prochaine. Rarement un problème plus difficile, plus compliqué, aura été soumis à nos assemblées délibérantes. Une foule d’êtres, aujourd’hui choses vénales et transmissibles, prenant rang tout à coup parmi les citoyens, déclarés aptes à acquérir après avoir été possédés eux-mêmes ; une population éclose comme par enchantement, qu’il faudra initier à la vie civile ; l’équilibre à maintenir entre deux races suspectes l’une à l’autre ; dans l’ordre industriel, la concurrence volontaire substituée à un despotisme sans contrôle ; le passé de nos colonies à réparer, leur avenir à prévoir ; les intérêts présens et positifs de la métropole à concilier avec les devoirs de sa tutelle morale : telles seront les suites de la réforme que l’opinion publique réclame instinctivement, et que les pouvoirs constitués sanctionneront tôt ou tard. Le débat qui va s’ouvrir est de ceux qui donnent l’éveil aux nobles facultés de l’esprit. L’historien et le moraliste, l’homme politique et l’homme d’affaires, auront des solutions à fournir.