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Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 3.djvu/354

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REVUE DES DEUX MONDES.

de l’histoire appliquée à l’histoire de la guerre. La philosophie de l’histoire est à Naples chez elle. C’est là qu’elle est née, dans les méditations solitaires de Vico, cet esprit si bizarre et si inventif. M. Blanch est un disciple de Vico, et des plus éclairés. Comme l’illustre auteur de la Science nouvelle, il aime à dégager les lois générales de l’enchaînement des faits particuliers. Il examine successivement la tactique de tous les célèbres capitaines, tant anciens que modernes, et il montre que les principes de ces grands stratégistes leur ont toujours été donnés par l’état de société du temps où ils vivaient. Son livre est divisé en neuf chapitres ou discours ; l’un traite de la guerre dans l’antiquité, l’autre de la guerre au moyen-âge, celui-ci de Gustave-Adolphe, celui-là de Frédéric II, cet autre enfin de la guerre sous la révolution française et de Napoléon, et chacun de ces chapitres peut être lu avec fruit, non seulement par le tacticien, mais par le philosophe, l’historien, le législateur, par tous ceux enfin qui veulent se rendre compte des règles qui président au développement de l’activité humaine et qui se reproduisent invariablement dans tous les ordres de faits.


— Sous le titre de Notice sur les Collections musicales de la bibliothèque de Cambrai et des villes du département du Nord[1], il a paru un ouvrage plein de consciencieuses recherches sur l’histoire de la musique au XVe et au XVIe siècles. Versé à la fois dans la pratique et dans la théorie de cet art, l’auteur, M. Edmond de Coussemaker, avait plus d’une difficulté à vaincre pour mener à bien la tâche qu’il s’était assignée. Rien de plus rare que les ouvrages des compositeurs de cette époque, ouvrages écrits en général pour l’église, n’ayant reçu qu’une publicité orale, et dont les manuscrits, enfouis dans les maîtrises des vieilles cathédrales, des bibliothèques d’abbayes, ont été, pour la plupart, détruits lors de notre première révolution. Quelques-unes de ces compositions ont été gravées, il est vrai, à partir du commencement du XVIe siècle ; mais en général on n’en rencontre çà et là que des débris. C’est dans la belle bibliothèque de Cambrai que M. de Coussemaker a principalement puisé les matériaux composant l’ouvrage qu’il vient de publier. Ces matériaux, moins nombreux que bien choisis, se divisent en imprimés et en manuscrits. Les documens manuscrits sont d’autant plus précieux, que presque tous contiennent des compositions inédites de musiciens inconnus jusqu’à nos jours, et appartenant à la fin du XVe siècle. L’auteur fait de ces compositions une analyse très exacte, en l’enrichissant de détails biographiques sur des compositeurs dont les noms nous sont révélés pour la première fois, tels que Cabilliau, Pierre des Cornets, Ducrocq. Afin de donner une idée de leur talent, M. de Coussemaker a placé à la fin du volume plusieurs petites pièces religieuses et profanes qui ne laissent pas de doute, pour l’époque où elles ont été écrites, sur le perfectionnement des formes matérielles et artificielles de l’harmonie, sur une nouvelle direction de la mu-

  1. Un vol. in-8o, chez Techener, place du Louvre.