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REVUE DES DEUX MONDES.

La robe ne fait pas le moine.
...........
Les œuvres regarder devez
Si vous n’avez les yeux crevés.

Faux-Semblant, qui est ici l’interprète de la pensée de l’auteur, conclut qu’on peut se sauver sans prendre l’habit religieux. Presque toutes les saintes, dit-il,

Qui par l’église sont priées,
Chastes vierges ou mariées,
Qui maints beaux enfans enfantèrent,
Les habits du siècle portèrent,
Et en ces vêtemens moururent,
Qui saintes sont, seront et furent
...........
Car bon cœur fait la pensée bonne,
Robe ne l’ôte ou ne la donne.

Bientôt Faux-Semblant rentre dans son caractère, et se peint dans les vers suivans pleins d’une remarquable verve :

Tantôt chevalier, tantôt moine,
Tantôt prélat, tantôt chanoine,
Une fois clerc, une autre prêtre,
Tour à tour ou disciple ou maître,
Ou châtelain ou forestier ;
Bref je suis de tous les métiers ;
Ici prince, là je suis page,
Je sais parler tous les langages.
...........
Ou bien je prends robe de femme,
Et je suis demoiselle ou dame ;
D’autres fois je suis religieuse,
...........
Je suis nonnain, je suis abbesse,
Je suis novice ou bien professe
Et vais par toutes régions,
Courant toutes religions[1],
Mais de religion sans faille (faute)
Je prends le grain, laisse la paille.

Faux-Semblant continue sur ce ton, puis il adresse au dieu Amour, entouré de sa baronnie, et représentant ici le pouvoir civil, un défi

  1. Tous les ordres monastiques.