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III.

Ces graves paroles annonçaient une réaction prochaine contre l’impulsion imprimée par sir Robert Walpole aux finances britanniques vers les impôts indirects. Dix ans après, en 1840, les faits avaient développé les difficultés si bien analysées par M. Huskisson, et exigeaient, comme une nécessité immédiate, la solution d’abord suggérée par une habile prévoyance. Les impôts de consommation avec un produit de près d’un milliard ne pouvaient plus atteindre au niveau des dépenses, et le budget se soldait en déficit. Le chancelier de l’échiquier, M. F. Baring, crut pouvoir remplir les vides du trésor en augmentant de 5 pour 100 du taux existant les droits de douanes et d’excise, et de 15 pour 100 les impôts de quotité (assessed taxes) ; mais cette mesure échoua. Si sur le produit de l’impôt direct, des assessed taxes, il y eut un accroissement qui dépassa les espérances de M. Baring, cette branche du revenu étant relativement peu considérable, le résultat fut en réalité insignifiant ; sur l’impôt indirect, au contraire, le chancelier de l’échiquier éprouva une énorme déception. Au lieu de 50 millions qu’il attendait, le droit additionnel de 5 pour 100 ne produisit pour l’année 1841 que dix millions. Il était bien évident que l’extrême limite des taxes sur les consommations, comme moyen de revenu, était atteinte et même dépassée[1]. Le budget ne pouvait prélever rien de plus sur les salaires du travail et les profits des capitaux industriels. Cependant il fallait combler le déficit ; le moment était venu d’entrer dans la voie que M. Huskisson avait indiquée. Le ministère whig, qui avait alors les affaires, ne prit qu’un côté de ce système et l’exagéra. Il proposa comme moyen de revenu le dégrèvement radical de ces quatre articles de grande consommation : les céréales, le sucre, le café et les bois de construction. Les intérêts industriels avaient, il est vrai, à s’applaudir de ce plan, et à la veille de quitter le pouvoir, pour un parti qui voulait prendre sur ces intérêts son prin-

  1. Le relevé des produits de l’excise et des douanes pendant les trois dernières années marque une progression décroissante qui prouve combien l’élasticité de cette branche du revenu a été épuisée :

    ANNÉES : 1840 : — — 37,760,000 livres sterling.
    1841 : — — 36,674,000
    1842 : — — 34,115,000