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POLITIQUE COMMERCIALE DE L’ANGLETERRE.

un grand nombre d’articles, réaliser une économie supérieure au montant de leur taxe. » Ce résultat serait à lui seul un fait économique très remarquable ; il ne faut pas oublier d’ailleurs que, l’income tax n’étant levée que sur les revenus de plus de 100 livres sterl., la masse de la population jouit complètement de l’avantage de la baisse de prix produite par la combinaison de sir Robert Peel.

Cependant, quelque judicieuses qu’aient été les mesures de cet habile ministre, elles n’ont pu prévenir la crise qui a si douloureusement pesé sur l’Angleterre durant les six derniers mois de 1842. On s’est beaucoup préoccupé en Europe des effets de cette crise ; c’était surtout, à notre avis, la cause réelle et profonde de ce fait qui devait fixer l’attention. Les crises commerciales sont, depuis la paix, une des nombreuses maladies chroniques de l’Angleterre. Mais, jusqu’à présent, elles avaient été provoquées par de brusques accidens, comme celle de 1837 par exemple, contre-coup de l’ébranlement du crédit public aux États-Unis. Au contraire, la crise de 1842 n’a été que la conséquence d’un resserrement naturel des affaires qui s’est manifesté par une diminution des exportations de 1842, comparées à celles de 1841, que le président du bureau du commerce, M. Gladstone, évaluait à environ un quinzième[1].

La cause permanente des crises commerciales en Angleterre est cette diminution des profits du capital et du travail constamment aggravée par les progrès des industries étrangères, que nous avons vue signalée plus haut par M. Huskisson. Vainement, pour expliquer la crise de 1842, allègue-t-on une foule de faits particuliers : les lois sur les céréales, l’extension imprudente donnée au crédit par les banques à fonds unis, le perfectionnement des machines, l’absorption dans les emprunts étrangers d’une somme de capitaux anglais qui, dans ces vingt dernières années, a atteint le chiffre de 1,500 millions de francs, ou les pertes infligées au pays par quatre mauvaises récoltes consécutives de 1838 à 1841 (pertes que M. Gladstone évalue à 10 millions sterling par an, ce qui ferait un milliard de francs en tout), etc. ; quelques-unes de ces causes ont sans doute contribué à

  1. Foreign and Colonial Quarterly Review. Je cite ici un excellent article sur les dernières réformes commerciales de sir Robert Peel, que toute la presse de Londres a attribué au jeune président du bureau du commerce, M. W. E. Gladstone. Depuis que ce travail a paru, le relevé officiel des exportations de 1842 a été publié ; la diminution a été plus forte que ne le faisait pressentir M. Gladstone. La valeur déclarée des exportations avait été en 1841 de 44,609,000  liv. st. ; elle n’a été en 1842 que de 40,738,000. On voit que la différence est de près d’un onzième.