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ARISTOPHANE.

LA COMÉDIE POLITIQUE ET RELIGIEUSE À ATHÈNES.

Qu’Aristophane ait été de son temps une puissance, c’est ce qu’on devrait présumer à le lire, lors même que ses contemporains ne l’auraient point positivement attesté. Un pamphlétaire dramatique (car la plupart de ses pièces sont des pamphlets de circonstance mis en scène, et ne contiennent qu’en germe ce que nous appelons comédie), un pamphlétaire dramatique qui pouvait impunément, dans une ville tiraillée par des partis, des intrigues et des révolutions, assaillir du haut du théâtre les chefs les plus populaires, déchirer la démocratie régnante, insulter aux dieux au milieu de leurs fêtes, dire toutes sortes de vérités déshonorantes aux passions exaspérées, un tel homme assurément s’imposait plutôt qu’il n’était accepté. Aussi dit-il lui-même, avec un légitime orgueil, qu’il s’est fait une réelle importance par son audace à démasquer tous les mensonges des adulateurs du peuple : c’est pourquoi les Lacédémoniens le haïssent, parce qu’il est de leur intérêt que le peuple athénien continue à se laisser flatter et tromper ; c’est pourquoi le roi de Perse, quand