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Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 3.djvu/805

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LES ÎLES FALKLAND.

du gouverneur, une église, des magasins et des fortifications. Soledad avait un gouverneur, avec le titre de commandant des Malvinas, et dépendait du vice-roi de la Plata. De temps en temps, des vaisseaux étaient envoyé de Buenos-Ayres pour croiser dans ces parages, et avertir les navires étrangers de s’éloigner. Cependant les îles Falkland étaient fréquentées à peu près impunément par les baleiniers anglais, et à partir de 1786 par les Américains, qui faisaient la chasse aux phoques. Bientôt, avec la grandeur de la couronne d’Espagne, s’évanouit sa prétention de dominer exclusivement dans les mers du Nouveau-Monde, et en 1810, lorsque les colonies de l’Amérique du Sud se déclarèrent indépendantes de la métropole, Soledad fut abandonnée.

Les diverses provinces de la vice-royauté de la Plata se constituèrent alors en république fédérative. Comme les îles Falkland avaient dépendu du vice-roi de Buenos-Ayres, le nouvel état crut être en droit d’en revendiquer la propriété, ainsi qu’il faisait pour la Patagonie et les terres adjacentes. En conséquence, au mois de novembre 1820, le capitaine Daniel Jewet de Philadelphie, au service des Provinces-Unies de la Plata, débarqua sur la côte autrefois occupée par la colonie espagnole de Soledad, et là, en présence des officiers et des équipages de plus de cinquante baleiniers anglais et américains, il prit solennellement possession de tout le groupe des îles Falkland, en vertu d’une commission spéciale du gouvernement des Provinces-Unies.

Le gouvernement des Provinces-Unies, et plus tard, quand le lien fédératif se fut rompu, de la République Argentine, a maintes fois prétendu que les îles Falkland avaient fait partie de l’ancienne vice-royauté de la Plata, et c’est à ce titre qu’il en réclamait la propriété C’est un point difficile à vérifier. Que les côtes de la Patagonie et les terres adjacentes, aussi bien que les îles Falkland, fussent placées sous la protection du vice-roi de Buenos-Ayres, cela n’est pas douteux ; mais il ne s’ensuit pas que ces contrées appartinssent au territoire de cette province. Les auteurs les plus estimés ne sont pas d’accord sur la limite méridionale de la vice-royauté de la Plata. Les uns la fixent au détroit de Magellan ; les autres adoptent pour ligne de démarcation le 45° de latitude sud, c’est-à-dire 10° environ au-dessus de ce détroit ; l’historien ultra-royaliste des révolutions de l’Amérique du Sud, Torrente, qui a eu la liberté de fouiller dans les archives d’Espagne, la porte seulement au 41°. Quelques-uns enfin prennent pour limite extrême le 38° et demi de latitude. En admet-