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LES ÎLES FALKLAND.

espèces les phoques qui paraissent dans ces mers. La première ne donne qu’une huile grossière ; la seconde est recherchée pour sa peau avec laquelle on confectionne des cuirs excellens ; la dernière espèce, de beaucoup la plus précieuse, est revêtue d’un pelage dont la douceur soyeuse et l’éclat égalent les plus belles fourrures, et qui est fort demandé sur les marchés de la Chine.

Mais c’est évidemment vers les avantages que ces îles présentent à la navigation que le gouvernement anglais songe à tourner d’abord tous ses soins. Il est probable que, tout en appelant les émigrations de bergers et d’éleveurs de bestiaux, il se contentera, pour le moment, de former dans les havres les plus commodes de petits établissemens entièrement disposés pour la relâche. Depuis que la rapidité de la traversée est devenue un des principaux élémens de succès dans les spéculations commerciales, les capitaines n’aiment pas à se détourner de la route la plus directe et à s’arrêter, uniquement pour renouveler leurs provisions, dans des ports où ils sont souvent retenus plus qu’il ne leur convient, où ils paient des droits d’entrée fort élevés, et où ils courent la chance de perdre des hommes. D’autres inconvéniens les détournent de relâcher dans les ports de l’Océan atlantique. La rivière de la Plata est d’un accès difficile ; Sainte-Catherine, sur la côte du Brésil, manque de tout ce dont les équipages ont le plus besoin après une longue traversée ; le séjour de Rio-Janeiro et de Bahia est fort dispendieux ; Sainte-Hélène est trop à l’est, et tout y est d’une plus grande cherté et en moindre abondance qu’au Brésil. Au contraire, les îles Falkland semblent être comme un oasis pour tous les navires qui se rendent dans la mer du Sud et dans les mers australes. Elles sont à moitié de la route ; les ports y sont d’un accès facile, vastes, sûrs ; les vents y portent naturellement ; les marins anglais y jouiront de tous les priviléges de la nationalité. L’eau douce abonde sur toutes les côtes ; les équipages fatigués y trouvent jusque sur le rivage les plantes les plus anti-scorbutiques. Déjà le gouvernement a veillé avec une admirable sollicitude à ce que les navires en relâche au Port-Louis y trouvassent toujours, et à un prix très modique (2 d. ou 20 c. la livre) de la viande fraîche. Voilà assurément de grands avantages qui, en attendant le percement de l’isthme de Panama, doivent faire des îles Falkland un point de relâche naturel pour tous les bâtimens anglais qui naviguent entre la Grande-Bretagne et les possessions britanniques de la mer Pacifique.

Il ne serait pas surprenant que, pour compléter l’occupation de ces