Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 4.djvu/1040

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
1034
REVUE DES DEUX MONDES.

et du violent démenti que lui donnent les journaux ministériels de Londres ? La question irlandaise ne peut que se traîner jusqu’à la rentrée du parlement. C’est dans la chambre des communes qu’elle se déroulera tout entière ; c’est là que la vérité jaillira sans doute du choc de la discussion, c’est là aussi que les agitateurs et le gouvernement devront à la fin nous laisser connaître s’ils sont disposés à mettre un terme à cette lutte déplorable par une transaction sérieuse et loyale, ou s’ils préfèrent courir les chances d’un combat décisif.

L’approche de la session n’a point encore altéré à l’intérieur le calme profond des esprits. L’opposition n’a pas encore poussé le cri de guerre et donné le mot d’alarme. Il serait sans doute ridicule d’imaginer qu’il n’y aura pas de combats, de grandes journées ; mais le défi n’est pas encore porté, le terrain n’est pas encore choisi. Les habiles disent que c’est là pour l’opposition une tactique convenue, une tactique qui, en effet, ne manquerait pas de prudence. Au lieu d’user et peut-être d’éparpiller ses forces dans des escarmouches préalables, l’opposition fera bien d’attendre l’initiative du pouvoir. Elle espère voir ainsi toutes ses forces se rallier sur le même point et avoir meilleur marché d’un ennemi qui ne pourra pas espérer de diversion ni évaluer au juste les forces de l’armée qu’il aura à combattre. Le gouvernement, de son côté, garde un profond silence sur ses projets. Il semble même que, depuis quelques jours, ce silence s’applique aux matières dont on parlait quelque peu auparavant. Bref, ce n’est, à ce qu’il paraît, que par le discours de la couronne qu’on pourra chercher à prévoir si la session sera une session politique ou une session d’affaires, si elle présentera quelque grand débat, quelque débat extraordinaire, ou si elle se renfermera dans le cercle modeste de quelques chemins de fer et du budget.

Sans doute, les chambres se trouveront nanties d’une grave et importante question par la présentation du projet de loi sur l’instruction secondaire. Sans doute encore, les efforts n’ont pas manqué jusqu’ici pour envenimer cette question et pour la livrer aux passions politiques, en représentant l’enseignement officiel sous les couleurs les plus fausses et les plus odieuses. Nous ne sommes pas moins convaincus de l’inutilité de ces efforts. La question retrouvera au sein des chambres toute la gravité, toute la dignité qu’elle doit avoir. Les exagérations disparaîtront à la lumière d’une discussion sérieuse et solennelle. Le débat se maintiendra à la hauteur où doit le placer M. Villemain en présentant le projet de loi. Il importe de rétablir dans toute leur pureté, dans toute leur force, les principes et les faits, les principes, qu’on se plaît à mettre en oubli, les faits, qu’on a étrangement dénaturés. L’exposé des motifs, en posant des bases inattaquables, donnera à la question une direction régulière ; c’est ainsi que le débat sera à la fois simple et efficace.

On annonce que plus d’une compagnie se présente pour concourir à l’achèvement et à l’exploitation des diverses lignes de chemins de fer qui sont en voie d’exécution. M. le ministre des travaux publics, qui a profité de l’intervalle des sessions pour activer les travaux, pour compléter les études, pour