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que Théophile a placées en tête des trois livres de son ouvrage, et dans lesquelles il échappe par momens à l’aridité habituelle du sujet, l’Essai sur divers arts n’est qu’un manuel didactique généralement dénué d’intérêt littéraire ; mais ce livre n’en a pas moins son importance, et c’est à juste titre que plusieurs historiens le citent comme une autorité. On y trouve en effet l’explication des ingénieuses méthodes à l’aide desquelles ont été exécutés il y a plusieurs siècles, ces monumens de l’art chrétien que l’art profane des temps modernes n’a jamais pu surpasser. Qui ne sait les efforts qu’on a faits pour retrouver les procédés appliqués autrefois à la peinture sur verre ? Les plus habiles chimistes de nos jours ont multiplié les expériences, et rien ne prouve qu’ils aient retrouvé le secret des merveilleuses couleurs si bien conservées sur les vitraux de nos anciennes cathédrales. Supposez que l’écrit de Théophile traduit aujourd’hui pour la première fois, nous révèle quelques-unes de ces méthodes, soigneusement cachées par la jalousie des ouvriers du moyen-âge, et perdues aujourd’hui : ce serait un véritable service que ce travail aurait rendu à la science contemporaine. En tête de cette publication, le traducteur a mis une préface où l’on reconnaît, comme dans les notes, la variété et la sûreté de l’érudition. Il n’y a pas une assertion, pas un détail qu’il n’appuie sur des témoignages authentiques. M. de l’Escalopier, qui aime et qui a profondément étudié l’art catholique, a laissé dans toutes les parties de cet ouvrage la trace de ses recherches à cet égard.

Dans peu de temps, les érudits pourront rapprocher du livre de Théophile un livre analogue, retrouvé en manuscrit dans la bibliothèque de la faculté de médecine de Montpellier, et qui doit, dit-on, figurer dans les analecta du premier volume du catalogue général des manuscrits publié par les soins de M. le ministre de l’instruction, publique. M. Libri, parlant de ce manuscrit de Montpellier dans une séance de la commission du catalogue général, a pu, à ce propos, citer avec éloge la publication de M. de l’Escalopier, comme un document utile pour l’histoire des arts, et comme un répertoire curieux de mots latins du moyen-âge omis dans le glossaire de Du Cange, et qu’il serait important de réunir dans un supplément de ce glossaire.


V. de Mars.