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Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 4.djvu/165

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REVUE. — CHRONIQUE.

dans la ville où la susceptibilité musulmane est la plus éveillée, à Jérusalem. C’est sur ces bases que la question diplomatique pouvait se débattre entre la porte et la France, si la Porte eût jugé à propos de contester le droit de notre consul, et de demander au gouvernement français de ne rien innover. Le gouvernement français aurait, nous le pensons, mis facilement en lumière son droit, et il ne serait resté, entre les deux pays, qu’une de ces questions de bonne politique et d’opportunité que chaque gouvernement résout selon les circonstances et la nature des intérêts qu’il lui convient de faire prévaloir. Une fois le droit maintenu, ce n’est plus qu’une question de prudence et d’habileté que de savoir s’il le faut exercer immédiatement et à la rigueur, ou s’il convient mieux de le laisser quelque peu sommeiller.

La populace de Jérusalem, dont le fanatisme paraît avoir été excité d’abord par ces mêmes autorités turques qui ont essayé ensuite, et trop tard, d’en réprimer les emportemens, n’a pas laissé à la diplomatie le soin de résoudre la difficulté. On connaît les excès auxquels elle s’est livrée, et pour ces excès, quelque opinion qu’on pût avoir d’ailleurs sur le fait du consul et sur le droit de la France, une réparation éclatante était due par la Porte. Cette réparation a été obtenue. Elle ne se borne pas au châtiment de quelques obscurs fanatiques, victimes peut-être des perfides suggestions des hommes qui auraient dû les contenir et les éclairer. Elle frappe plus haut. Le pacha de Jérusalem est destitué. Son successeur se rendra auprès du consul de France pour lui faire une visite d’excuses. Le pavillon français sera arboré dans le chef-lieu de la province, et salué par les autorités turques de vingt-un coups de canon, et cela indépendamment des châtimens réservés aux principaux moteurs et fauteurs de l’émeute. C’est ainsi que le nom français sera respecté en Orient, et que la France occupera dans l’esprit des peuples comme dans les négociations diplomatiques le rang qui lui appartient.

Malgré les criminels efforts des hommes de troubles et de désordre et les complots d’une poignée d’ayacuchos, les élections se font dans presque toutes les provinces de l’Espagne avec une parfaite régularité et dans un excellent esprit. Le parti parlementaire remportera dans la lutte électorale une victoire éclatante ; même dans la province de Madrid, le succès lui est assuré. Selon toutes les probabilités, le parti parlementaire comptera près de deux cents représentans dans le sein des cortès. C’est la certitude de ce résultat qui a jeté la faction dans les excès qui la déshonorent et dans des révoltes qui sont plus encore des scandales que des dangers. Ce qu’elle voulait, c’était d’empêcher les élections et la réunion des cortès. On sait que les derniers flots de cette mer si long-temps agitée par les tempêtes politiques viendront expirer au pied du trône, entouré et soutenu par les représentans du pays. On voudrait retarder le jour où l’insurrection et l’émeute n’auront plus ni excuses ni prétextes. Vains efforts. Le 15 d’octobre approche, et malgré les violences de Barcelone et les déclamations de Saragosse, les cortès seront réunies et ne laisseront aux ayacuchos que la honte de leurs coupables tentatives. En attendant, le gouvernement est sur ses gardes et connaît les menées