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pleine chambre des communes, le plus pourri de tous les bourgs pourris. M. Macaulay n’en montra d’ailleurs que plus de zèle à purger les institutions anglaises de cette vieille corruption. On était en 1831. La réforme était la grande, l’unique affaire de l’Angleterre. M. Macaulay prit la parole pour la première fois dans la discussion du bill de lord John Russell, que la chambre des lords repoussa. Son discours, très éloquent, réussit tout-à-fait. Il lui attira les félicitations de ses adversaires politiques eux-mêmes. Il fut regardé comme un des grands succès contemporains dans cette sorte d’épreuve oratoire, toujours suivie avec tant d’intérêt dans le sénat britannique, où elle est désignée du nom original de maiden-speech. Dans le siècle dernier, à une semblable bonne fortune de début, un homme d’esprit, de trop d’esprit peut-être, Gerard Hamilton, confia tout le soin de sa renommée. Il s’en tint à ce succès, se tut le reste de sa vie, et gagna en effet à ce singulier silence le surnom de single speech, qui ne l’a point quitté. Lors même que la répétition de cette gageure eût pu passer encore pour spirituelle, M. Macaulay avait l’intelligence trop fortement trempée et une ambition trop légitime pour fonder sa réputation politique sur une aussi bizarre excentricité. Il prit une part active aux débats qui précédèrent le reform-act. Grace à la popularité qu’il y acquit, il fut envoyé au premier parlement réformé par une importante ville industrielle, Leeds ; cependant il quitta bientôt la chambre : il avait fait ses preuves, et son parti songea tout de suite à son avenir. C’est un des plus précieux avantages du gouvernement anglais, il le doit au développement de sa puissance coloniale, de pouvoir assurer aux hommes distingués qui ont à se faire une fortune indépendante de grandes positions promptement suivies d’opulentes retraites. Le ministère whig donna à M. Macaulay une de ces positions. Il eut un siége dans le conseil de l’Inde. M. Macaulay demeura cinq ans en Asie. Ce séjour pourrait bien le conduire à la présidence du bureau du contrôle, si son parti ressaisit encore le pouvoir. À peine de retour en Angleterre, Édimbourg l’envoya au parlement, et on lui fit une place dans le ministère de lord Melbourne. Il y avait le département de la guerre, lorsqu’en 1840, durant les complications qui suivirent le traité du 15 juillet, il fit un court voyage à Paris. Depuis la chute des whigs, M. Macaulay est un des membres les plus importans de l’opposition.

Mais le rôle qu’il a joué dans les affaires n’a pas distrait un instant M. Macaulay des travaux qui ont commencé sa réputation et qui ont assuré sa position politique. Loin de se ralentir, sa collabo-