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Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 4.djvu/622

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REVUE DES DEUX MONDES.

bunaux sardes, à l’Audience royale de Cagliari. Cette cour supérieure composée de dix-huit juges, est présidée par la seconde personne de l’île, le régent, qui prend rang après le vice-roi. Ce magistrat correspond directement avec les ministres et avec le conseil suprême qui siége à Turin et qui prononce en dernier ressort dans les causes qui lui sont déférées. Les attributions de l’Audience royale lui donnent une grande importance. Elle est à la fois une cour royale, un conseil d’état et un parlement. Le vice-roi peut la consulter sur toutes les affaires, et il en est plusieurs sur lesquelles il est tenu de prendre son avis : elle a même conservé le droit d’enregistrer les ordonnances royales. Créée en 1661, sa réorganisation ne date que de cinq ans. Les réformes qu’elle a subies ne lui ont rien fait perdre de sa prépondérance : ses membres, s’ils ne possèdent déjà la noblesse, l’acquièrent avec le titre de juges, et occupent dans l’île un rang considérable.

La carrière militaire n’est ouverte qu’à la première classe de la noblesse. Le régiment des chasseurs-gardes, dont les officiers sont choisis dans ses rangs, se recrute exclusivement en Sardaigne. La force armée, placée sous les ordres d’un commandant en chef élu parmi les majors-généraux étrangers à l’île, se compose de la réunion des troupes régulières et des milices. Les troupes régulières, en comprenant trois cents artilleurs environ et quatre cents cavaliers n’atteignent pas le chiffre de trois mille cinq cents hommes. Quant aux milices, dont l’institution remonte au XVe siècle, elles peuvent rassembler près de dix mille hommes. Elles n’ont d’autres signes distinctifs qu’une cocarde, et sont composées de trois cinquièmes d’hommes à pied et de deux autres cinquièmes de gens à cheval.

L’administration des dix villes de la Sardaigne, aussi bien que celle de ses trois cent soixante-huit communes, est confiée à des conseils municipaux, composés, dans les communes, de trois, cinq ou sept membres, suivant la population du village, de seize membres dans les villes secondaires, de vingt-quatre membres à Sassari, de trente-six à Cagliari. Ces corps municipaux se divisent en deux classes, dont la première appartient presque exclusivement à la noblesse, et la seconde à la haute bourgeoisie. Ce sont ces conseillers qui sont chargés de dresser les rôles de contributions. Un intendant général résidant à Cagliari en dirige la perception. Sur trois millions trois cent quatre-vingt-cinq mille francs, chiffre moyen auquel se sont élevés les revenus de l’île de 1827 à 1838, le tiers seulement appartient aux contributions directes. La branche la plus productive