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Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 4.djvu/664

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qu’il faut calculer ses chances et ne rien négliger ; bref, que c’est un procès comme un autre.

Il n’est pas moins vrai que le gouvernement anglais doit plus que jamais fixer son attention sur l’état du pays, non-seulement en Irlande, mais dans la Grande-Bretagne tout entière. Évidemment, le pays se couvre d’associations plus ou moins redoutables. Sans doute, leur but n’est pas le même, et la diversité de leurs vues en atténue les dangers en en divisant les forces. Elles ont cependant un point commun, la haine de ce qui existe. Ici les Irlandais, là les chartistes, ailleurs les pauvres, et puis l’association pour le suffrage universel, et puis d’autres associations encore, toutes organisées, nombreuses, actives, remuantes. Ce n’est pas là un fait sur lequel des hommes d’état puissent fermer les yeux C’est le travail de la société anglaise qui aspire au principe moderne de l’égalité civile. Le problème, à nos yeux, est toujours le même. Il ne s’agit pas de savoir si l’Angleterre atteindra ou non ce but : sa haute civilisation lui en fait une nécessité ; il s’agit de savoir si elle parviendra la première à l’atteindre sans secousse et bouleversement, sans révolution. C’est là un magnifique exemple à donner au monde, une sublime mission à remplir. L’Angleterre y travaille depuis vingt ans. Tout ami de l’humanité doit faire des vœux pour qu’elle achève une œuvre qu’il est déjà beau d’avoir tentée.

Dans l’Amérique du Sud, une lutte acharnée entre Buénos-Ayres et Montévideo ne cesse d’ensanglanter les rives du Rio de la Plata. On désespère de voir jamais un ordre de choses régulier s’établir dans ces malheureuses contrées. Il est à regretter que des Français aient cru devoir prendre part à des querelles qui leur étaient étrangères. On nous communique à ce sujet une note assez étendue d’un témoin oculaire et digne de foi : nous la donnons ci-dessous, par extrait ; la question y est nettement posée et sérieusement discutée. Les journaux nous ont appris qu’une convention avait été signée entre le consul de France et le général Oribe, qui commande l’armée de Rosas devant Montévideo, convention d’après laquelle : 1o aucun Français ne devait être inquiété pour le passé ; 2o nul ne pourrait pénétrer dans le domicile d’un Français qu’en vertu d’un acte écrit de l’autorité supérieure ; 3o dans le cas où Montévideo serait pris d’assaut, le pavillon français couvrirait les habitations où il serait arboré, et d’ailleurs des passeports seraient donnés à tous les Français qui en demanderaient.

Le Mexique aussi se trouve livré à la violence des factions et fait de vains efforts pour obtenir enfin un gouvernement stable et régulier. Le Brésil et le Chili exceptés, il n’y a dans l’Amérique du Sud qu’agitation et désordre. Le Mexique est sérieusement aux prises avec l’Angleterre pour une insulte que Santa-Anna aurait faite au pavillon anglais dans une fête publique. D’un autre côté, un décret vient d’interdire aux étrangers tout commerce de détail dans toute l’étendue du territoire mexicain : mesure brutale et qui, si elle n’était pas rapportée sur la demande des gouvernemens étrangers, tournerait