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où, assis sur ung poteau, la langue lui seroit coupée, puis seroit estranglé, son corps brûlé et réduit en cendres ; ce qui fut exécuté le même jour. »

Enfin, à force de persévérance et d’importunités, je suis parvenu à me procurer l’arrêt lui-même ; il a été retrouvé dans les archives de l’ancien parlement de Toulouse, et j’en possède deux copies[1]. Il marque avec précision le crime pour lequel Vanini fut condamné, à savoir l’athéisme ; et il y a sur l’original même cette particularité, que déjà le mot d’hérésie y est à moitié écrit, et qu’il fut effacé tout de suite : car comme les amis de Vanini, ainsi que le rapporte Malenfant, s’étaient efforcés de décliner la juridiction du parlement, et avaient réclamé celle du saint-office, qui connaissait de tout crime d’hérésie, et dont les peines étaient purement spirituelles, si parmi les crimes dont était accusé Vanini eût figuré le moins du monde celui d’hérésie, le jugement n’en était plus soumis au parlement, mais à l’inquisition de la foi. Dans cet arrêt sont mentionnés les noms de tous ceux qui y prirent part, et il est signé par le premier président Le Mazuyer, et par le rapporteur faisant fonction de procureur-général Guillaume de Catel. Voici dans toute sa teneur cet arrêt qui n’avait pas encore vu le jour.

Extrait du registre 1618 et 1619 de la Tournelle, ou chambre criminelle du parlement de Toulouse[2].

« Sabmedy IX de febvrier M.V.C.IXX., en la grand’chambre, icelle avec la chambre criminelle assemblée, présents Messieurs de Mazuyer premier président, de Bertier et Segla, aussi présidents, Assezat, Caulet, Catel, Melet, Barthélemy de Pins, Maussac, Olivier de Hautpoul, Bertrand, Prohenques de Noé, Chastenay, Vezian, Rabaudy, Cadilhac[3].

« Veu par la court, les deux chambres assemblées, le procès faict d’icelles à la requeste du procureur-général du roy, à Pompée Ucilio[4], Néapolitain de nation, prisonier à la Conciergerie, charges et informations contre luy

  1. L’une de ces copies vient de M. Belhomme, archiviste du département, auquel M. Floret avait bien voulu, à ma prière, confier cette commission. Tout récemment, j’ai reçu l’autre copie par l’intermédiaire de M. Romiguière, pair de France, qui l’avait demandée à M. Pelleport, archiviste de la cour royale de Toulouse. C’est entre toutes ces personnes que je partage ma reconnaissance.
  2. Il y a sur l’original à la marge : « De Catel, seize escuts. » Copie de M. Belhomme.
  3. Copie de M. Pelleport : Cadilhan.
  4. Sic. Tel serait donc le vrai nom, ou du moins le nom légal de Vanini.