révolution se fait dans ses approvisionnemens coloniaux. Les Antilles anglaises, dont les produits dominaient presque exclusivement le marché, cèdent peu à peu la place aux provenances de l’Inde britannique. En 1815, les sucres de l’Inde ne figuraient dans les importations que pour 43,041 quintaux. En 1824, les quantités importées s’élèvent à 152,673 quint., pour retomber en 1836 à 110,222 q. Cette même année, les provenances de l’Inde orientale sont mises sur le même pied que celles des Indes occidentales, et le droit réduit de 32 à 24 shil. Aussitôt les importations augmentent : elles sont de 270,055 quintaux en 1837, de 418,375 quintaux en 1838, de 477,252 quintaux en 1839, de 518,320 quintaux en 1840, et de 1,239,728 quintaux en 1841. Les sucres des Antilles au contraire, dont les quantités importées avaient dépassé le chiffre de 3,500,000 q., n’ont contribué à la consommation de 1841 que pour 2,145,500 q.
Au rebours du commerce colonial, qui est pour ainsi dire immobile à Liverpool, le commerce de cette ville avec les États-Unis a essuyé les plus brusques et les plus étranges variations. Dès 1833, un des négocians les plus expérimentés, M. John Ewart, interrogé par le comité de la chambre des communes, avait fait remarquer que le commerce américain à Liverpool changeait continuellement de mains. Depuis cette époque, deux crises terribles sont survenues, la première, due à la faillite générale des banques aux États-Unis, et aggravée par la mauvaise foi de quelques-uns de ces états, qui, après avoir emprunté l’argent des capitalistes anglais[1], ont cessé de servir l’intérêt de ces emprunts ; la seconde, causée par l’augmentation que le congrès vient d’opérer dans les tarifs de douanes pour favoriser les manufactures naissantes de la Pennsylvanie, du Massachusetts et de New-York. Le tableau suivant, qui présente le chiffre des exportations de l’Angleterre aux États-Unis pendant seize ans, peut faire juger de l’étendue des catastrophes commerciales qui ont été le contre-coup de ces reviremens.
1827. | 7,018,272 | liv. st. | 1835. | 10,568,455 | liv. st. |
1828. | 5,810,315 | 1836. | 12.425,605 | ||
1829. | 4,823,415 | 1837. | 4,695,225 | ||
1830. | 6,132,346 | 1838. | 7,585,760 | ||
1831. | 9,053,583 | 1839. | 8,839,204 | ||
1832. | 5,468,272 | 1840. | 5,283,020 | ||
1833. | 7,579,699 | 1841. | 7,098,642 | ||
1834. | 6,844,989 | 1842. | 3,528,807 |
- ↑ En 1839, suivant les calculs de M. Stokes, les capitalistes anglais avaient engagé dans les emprunts américains 25 millions de livres sterling.