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et son action. Ainsi elle va se procurer un exemplaire des listes électorales dans tous les bourgs et comtés, et ouvrir une correspondance avec tous les électeurs des localités où il y a quelque chose à faire. Elle est d’ailleurs décidée à ne plus adresser de pétitions à la chambre des communes actuelle, mais à supplier la reine de vouloir bien dissoudre un parlement qui, « comme toute chose engendrée par la corruption, doit vivre peu de temps. » Pour tout cela, une nouvelle souscription est nécessaire, et la ligue demande 100,000 livres sterl. On a lu dernièrement dans les journaux qu’à Manchester seulement, pour répondre à cet appel, une somme de 12,000 livres a été recueillie en une demi-heure.

La ligue contre la loi des céréales, avec son chef et son comité, avec ses séances de Covent-Garden, avec ses meetings locaux, avec ses 100 tonnes de pamphlets et les 500 agens chargés de les répandre, avec son intervention publique dans les élections, avec ses correspondances individuelles, avec l’impôt considérable qu’elle lève et qu’elle distribue à son gré, est donc devenue une puissance du premier ordre, et que sir Robert Peel ne désarmera pas plus par quelques vives attaques dans le parlement que par de beaux discours sur les améliorations agricoles à Tamworth et ailleurs. Aussi les tories commencent-ils à s’en préoccuper sérieusement et à se demander si les prochaines élections tourneront comme les précédentes. En attendant, il devient chaque jour plus évident que la transaction de l’an dernier sur la question des céréales n’est pas destinée à vivre long-temps, et le ministère, auteur de cette transaction, s’en trouve nécessairement affaibli.

C’est aussi dans la seconde partie de la session que le chancelier de l’échiquier dut présenter l’ensemble de son budget et constater ainsi des mécomptes assez nombreux. La dépense totale pour l’année 1842-43 était évaluée à 51 millions 380,000 livres, sur laquelle somme il ressortait une économie de 222,000 livres. Jusqu’ici rien de mieux ; mais le tableau des recettes était beaucoup moins riant. Ainsi le déficit était, sur les douanes, de 750,000 livres ; sur l’accise, de 1 million 200,000 livres ; sur le timbre et les taxes diverses, de 590,000 livres ; sur les terres de la couronne, de 30,000 livres ; sur la poste seulement, il y avait un excédant de 100,000 livres. À la vérité, grace à l’encaissement d’une somme de 750,000 livres, payée pour la rançon de Canton, grace en outre à quelques autres recouvremens, le déficit se trouvait ramené au chiffre de 1 million 290,000 livres ; mais il s’augmentait d’une différence assez notable