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Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 4.djvu/922

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aussitôt, et cette tentative pour réunir dans un effort commun la classe ouvrière et la classe moyenne échoua complètement. Aujourd’hui, M. Sturge et son parti annoncent l’intention de se rallier au plan de M. Sharman Crawford, qui consiste purement et simplement à arrêter la marche du gouvernement dans la prochaine session par des amendemens systématiques ; mais, bien que le règlement anglais se prête assez à ce plan, il doit, dans l’exécution, rencontrer bien des difficultés. Quant à l’union nationale de Birmingham, ressuscitée dernièrement par M. Thomas Atwood, il est difficile de prendre fort au sérieux une société qui, sans s’expliquer sur aucune question, se borne à déclarer « qu’elle rend le gouvernement responsable du bien-être du peuple, et que son principe est de combattre tout ministère qui n’assurera pas à tout citoyen la nourriture, le vêtement et le logement convenables. » Cela veut dire que M. Atwood et ses amis seront de l’opposition sous les whigs comme sous les tories, sous les radicaux comme sous les whigs. Il n’y a rien là de fort inquiétant pour sir Robert Peel, et la ligue contre les céréales doit le préoccuper un peu plus.

J’ai tâché de présenter avec exactitude le bilan complet du ministère Peel en 1843, et je ne crois pas en avoir rien supprimé. J’ajoute que, malgré le peu d’influence des journaux sur l’opinion, il est grave de les avoir à peu près tous contre soi, depuis le Times jusqu’au Morning-Chronicle, depuis le Post jusqu’au Sun. « Chef impuissant d’une administration stérile, homme d’état dont toute la vie s’est passée à faire sauter ses propres opinions et à détruire son propre parti, trompeur général, second Espartero, ministre qui a commencé avec le prestige de Pitt et qui finit avec le ridicule de lord Sidmouth, vieux radeau poussé çà et là par les bourrasques de la chambre des communes, sans boussole, sans carte et sans pilote, vrai cercueil de Mahomet suspendu et soutenu dans les airs par l’attraction des places et l’antagonisme des intérêts : » voilà quelques échantillons des aménités par lesquelles tories, whigs et radicaux essaient maintenant de battre en brèche sir Robert Peel et son cabinet. Ce n’est, si l’on veut, qu’un symptôme ; toutefois ce symptôme prouve évidemment que, depuis quelques mois, le chef du parti conservateur a notablement baissé dans l’opinion de son pays.

Malgré tout cela, je n’hésite pas à dire que sir Robert Peel est le seul homme qui puisse en ce moment gouverner l’Angleterre. Il a subi des échecs, cela est vrai ; mais l’œuvre de la session précédente était assez considérable pour que la balance penche encore de son