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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 janvier 1844.


La chambre des députés commence aujourd’hui la discussion de l’adresse ; l’adresse de la chambre des pairs a déjà été votée et présentée au roi. En comparant la réponse du Luxembourg au projet présenté dans l’autre enceinte, il est facile de reconnaître que les habiles rédacteurs, M. le duc de Broglie et M. Saint-Marc Girardin, ont parfaitement compris tout ce que leur mission avait de semblable et de différent. Ils avaient à exprimer les mêmes pensées, à manifester les mêmes sentimens ; mais des nuances diverses, des artifices de style particuliers leur étaient imposés par la constitution de l’assemblée dont chacun était, pour ainsi dire, la parole vivante. La chambre des pairs ne doit jamais oublier la double mission que la charte lui confie, et quelle que soit l’énergie de ses sentimens comme assemblée délibérante, elle doit toujours en tempérer l’expression par cette gravité et cette retenue qui appartiennent à la haute magistrature. La chambre des députés est plus libre dans ses allures ; elle procède moins par sous-entendus et par allusions ; pour elle-même et pour les électeurs, mieux vaut, devant elle, appeler les choses par leur nom, et, tout en frappant juste, ne pas oublier de frapper fort.

Le point capital de l’une et de l’autre adresse est la réprobation du voyage des légitimistes à Londres. Les deux chambres blâment et condamnent également cette vaine, mais incroyable démonstration. Tous les pouvoirs de l’état sont en parfait accord sur ce point. La cour de cassation vient de censurer avec réprimande, par un arrêt solennel, un magistrat qui a eu le malheur d’oublier qu’il est des devoirs qui sont au-dessus de tous les autres. L’une et l’autre adresse devait donc exprimer ce blâme, cette réprobation,