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Pologne. C’est par ces deux additions et par quelques mots sur les encouragemens à donner à l’agriculture que la commission est sortie du cadre du discours d’ouverture.

Laissons la phrase sur l’agriculture, dont le sens ne peut être déterminé que par les demandes positives qu’on fera au gouvernement. Si les agriculteurs insistent pour qu’on ne cesse de perfectionner les voies de communication, pour qu’on améliore notre système hypothécaire, pour qu’on permette à la rente de suivre sa tendance naturelle à la hausse afin que, l’intérêt de l’argent venant par conséquent à baisser, l’industrie agricole puisse obtenir à bon marché le capital dont elle a besoin, pour que des récompenses et des distinctions soient accordées à tous ceux qui, par leurs découvertes et par leurs travaux, seconderaient le développement de notre richesse territoriale, enfin pour que l’instruction nécessaire aux agriculteurs devienne de plus en plus générale et soit mise à la portée de tout le monde, nous ne pouvons qu’appuyer leurs demandes ; elles sont des plus légitimes. Mais les hommes, dans nos temps de liberté et de lumières, ne se contentent pas de si peu ; ce qu’ils veulent, ce sont des priviléges ; ce qu’ils demandent sous les noms les plus trompeurs et les plus pompeux, c’est que le gouvernement mette la main dans la poche d’une partie de leurs concitoyens pour remplir la leur. Pourquoi les agriculteurs ne le demanderaient-ils pas ? C’est bien là ce qu’ont demandé et obtenu tant d’autres producteurs, beaucoup moins dignes d’intérêt, nous en convenons, que les agriculteurs !

Nous approuvons fort la commission d’avoir pris l’initiative sur le droit de visite. La question ne pouvant être éludée, la discussion des bureaux l’avait assez montré, mieux valait établir le débat sur un paragraphe franchement proposé par la commission que sur un amendement improvisé. Le paragraphe reproduit la pensée de la chambre. La chambre veut la répression d’un trafic infâme, mais elle désire en même temps que les négociations tendent à replacer notre commerce sous la surveillance exclusive de notre pavillon. Certes ce ne sont pas là deux désirs qu’on puisse facilement concilier, puisque la traite est si difficilement réprimée même à l’aide des conventions actuelles. Les marchés du Brésil, de Porto-Rico et de Cuba offrent à la cupidité des négriers de tels appâts, que, sous un pavillon ou sous un autre, la traite ne cesse de désoler les parages de l’Afrique. Peut-être n’a-t-elle jamais été accompagnée de plus de cruautés et de plus d’horreurs. Les négriers ont calculé que, pour obtenir de gros bénéfices, il leur suffit de soustraire à la police des mers un bâtiment sur trois ; on sait que, pour tromper la vigilance des croiseurs, tous les moyens sont bons à ces bêtes féroces à face humaine.

Il est utile que le gouvernement se trouve appuyé dans les négociations par une nouvelle déclaration de la chambre, il est utile que le gouvernement anglais se persuade que si d’un côté la France désire sincèrement l’anéantissement de cet infâme trafic, de l’autre sa répugnance pour les conventions