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lective, et demande pour le clergé français l’organisation du clergé belge. Quoique rédigée avec talent par M. Abel, qui a refusé la direction de la Quotidienne, la Gazette du Midi n’a cependant qu’une action restreinte qui ne s’étend guère au-delà d’un petit cercle d’amis, à tel point qu’aux dernières élections municipales elle n’a pu faire accepter aucun de ses candidats. L’Écho du Midi, journal hebdomadaire de Montpellier, quoique catholique fervent, est peu répandu et sans influence. Le Mémorial Agenais se distingue également par la ferveur de son prosélytisme, son hostilité contre l’Université, et ses mystiques tendresses pour les jésuites. La Gazette du Bas Languedoc, à Nîmes, la Guyenne, journal quotidien de Bordeaux, et la Gazette du Languedoc, à Toulouse, se font remarquer par une rédaction plus habile. Cette dernière feuille passe pour recevoir de temps en temps des communications de M. de Villèle. Plus religieux et en même temps d’un légitimisme beaucoup plus modéré que ces trois journaux, l’Écho de Tarn-et-Garonne, qui évite de se prononcer sur une foule de questions que le parti légitimiste regarde comme vitales, a été souvent attaqué par la Gazette du Languedoc. Quant à l’Éclaireur du Midi, rédigé à Avignon par une corporation religieuse, les frères de saint Augustin, c’est moins un journal qu’une sorte d’almanach mystique, digne en tous points de figurer dans la Bibliothèque Bleue. L’Éclaireur du Midi, dont le prix est fixé à trois francs par an, traite, et nous reproduisons les termes mêmes du prospectus, des matières de haute philosophie, des miracles, de la magie, des possessions du démon, et de tous les phénomènes surnaturels qui embarrassent les théologiens. Après la théologie vient la médecine ; l’Éclaireur déclare cette dernière science impie et matérialiste, et propose une réforme complète dans la thérapeutique : sa méthode consiste à faire jeûner les médecins pour guérir les malades. Soyons indulgent cependant pour l’Éclaireur, car il est plus ridicule que méchant.

Dans les départemens du centre, M. l’abbé Gaillard publie, à Bourges, la Gazette du Berry, qui s’est rangée sous la bannière de la Gazette de France, dont elle adopte toutes les théories ; l’Orléanais, qui s’imprime à Orléans, est très hostile à la dynastie nouvelle ; l’Union provinciale, qui s’est formée par la réunion de l’ancien Journal du Bourbonnais et de la Gazette du Centre, a pour but, comme son titre l’indique, de rétablir l’unité dans le parti légitimiste. Cette feuille est rédigée avec talent par M. de la Guéronière, ce qui n’empêche pas son influence de décroître de jour en jour. Les trois journaux que nous venons de citer réunissent à grand’peine, pour toute la France centrale, un total de mille abonnés.

Dans la région de l’ouest (Vendée et Bretagne), la situation de la presse catholico-légitimiste n’est guère plus prospère, et il est à remarquer que les journaux qui ont le plus d’influence et de considération sont aussi les plus modérés. C’est là un fait significatif, et qui prouve, non pas que l’esprit catholique se soit affaibli dans ces contrées, mais seulement que le catholicisme comme le comprennent certaines gazettes, n’a pas toujours les sympathies des populations. Deux journaux, l’Impartial et le Français de