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DE LA QUESTION COMMERCIALE EN ANGLETERRE.

très exactes, à plus de cinquante-cinq millions d’acres. Les voyageurs anglais font de ces régions les descriptions les plus brillantes. Elles sont très fertiles, les minéraux y abondent, et on ne peut douter, dit M. Gladstone, que dans ces contrées magnifiques des millions de capitaux et des millions de bras ne pussent être employés à créer des élémens de reproduction. C’est sur ce territoire que M. Gladstone donne un aperçu de la réalisation de ses mesures. Voici comment la colonisation devrait, suivant lui, y être préparée et conduite. Un corps de cinq cents pionniers militaires, sous la conduite d’un ingénieur-général, devrait d’abord être envoyé au petit comptoir de Port-Natal, le seul établissement que les Anglais aient encore formé dans ces contrées. Ces pionniers recevraient des instructions pour fixer l’emplacement de la ville métropolitaine ; dès leur arrivée, ils construiraient un débarcadère, un quai, des hangars, une hôtellerie où les émigrans pussent s’arrêter au débarquement. La situation de la ville une fois déterminée, une partie des pionniers y construiraient une église, une école, et les bâtimens publics nécessaires. Pendant ce temps, les arpenteurs diviseraient les terres environnantes et les rendraient propres à être immédiatement occupées, en y traçant des routes qui permissent de transporter avec sûreté et à peu de frais les productions et les marchandises, des districts ruraux à la ville, et les travailleurs agricoles attachés à cette expédition préliminaire cultiveraient un espace de terre suffisant pour fournir aux émigrans attendus un approvisionnement de nourriture végétale.

Dès que l’arrivée de l’expédition à sa destination et le commencement des travaux préliminaires seraient connus en Angleterre, le gouvernement offrirait le passage libre pour Port-Natal sur ses vaisseaux à toute personne déposant en Angleterre le prix de cinquante acres de terre dans la nouvelle colonie. On offrirait également à ces personnes le passage gratuit des travailleurs choisis par elles, en raison d’un travailleur marié pour chaque lot de cinquante acres, dont le prix aurait été déposé. Les ouvriers qui voudraient émigrer dans la nouvelle province auraient promesse d’être employés pendant trois ans aux travaux publics pour un salaire équivalent à la paie et aux rations reçues par chaque pionnier, avec la faculté du retour gratuit dans leur patrie à l’expiration de ce terme. Ces arrangemens pris, le gouverneur et le corps des premiers émigrans, composé de capitalistes et de travailleurs en proportion convenable, partiraient d’Angleterre. À l’arrivée du gouverneur à Port-Natal, la ville et les sections de terre préalablement préparées pour l’occupation seraient im-