Nous laissions pressentir qu’il ne s’engagerait aucun débat sérieux à l’occasion des fonds secrets, et nos prévisions n’ont point été trompées. Une discussion politique ne saurait s’élever sans qu’il y ait un terrain pour le combat, et sans que les partis soient bien décidés à l’accepter. Or, aucun fait nouveau ne s’était produit depuis le vote de confiance provoqué par l’amendement de l’honorable M. Ducos, à l’occasion de Taïti, et l’on ne pouvait raisonnablement supposer que la majorité, qui, pour ne pas renverser le cabinet, venait de faire violence à ses propres sentimens sur une question nationale, le ferait tomber quinze jours après sur une allocation de fonds secrets.
Le débat ne pouvait donc porter que sur des redites et semblait appartenir de plein droit à toutes les excentricités parlementaires. Les honorables membres placés en dehors des grandes divisions constitutionnelles de la chambre s’étaient maintenus, depuis l’ouverture de la session, dans une réserve dont il semblait juste de leur tenir compte en leur abandonnant la tribune.
M. Ledru-Rollin y a porté des paroles hardies sans doute, mais dont l’audace aurait exigé une chaleur plus vraie et une plus grande nouveauté d’aperçus. Révéler à la France l’existence d’un pouvoir permanent qui poursuit ses plans et ses projets en dehors des vicissitudes ministérielles, c’est ne lui rien apprendre qu’elle ne sache parfaitement. Ce fait n’échappe pas plus à sa sagacité qu’à celle de l’Europe ; mais, en lui-même, il n’offre rien de contraire aux saines doctrines parlementaires, du moment où l’action du