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travaux le charme d’une révélation, parfois même l’intérêt d’une découverte. On ne s’étonne pas que des esprits sérieux soient attirés vers les pays slaves, parmi ces peuples qui gardent encore intactes, au milieu de leurs solitudes vierges, les coutumes et les traditions de la vie patriarcale et primitive. Parmi les voyageurs qui ont été guidés vers les Slaves par cet intérêt sympathique, il faut placer l’auteur d’un livre sur les Slaves de Turquie[1], dont les diverses parties ont paru successivement dans cette Revue. L’attention de M. Cyprien Robert s’est portée tour à tour sur l’histoire, les mœurs, la situation politique, le développement industriel et commercial des cinq peuples gréco-slaves. C’est avec amour, on peut le dire, que M. Robert a étudié ces peuples ; il n’a écrit son livre qu’après un séjour de plusieurs années parmi les montagnards chrétiens des Balkans. Les élémens de ce livre, il les a recueillis tour à tour sous la tente du pâtre albanais, du guerrier monténégrin, dans les assemblées politiques de la Serbie, ou sous le paisible toit du laboureur bulgare. Il ne nous appartient pas de louer ici l’ouvrage de M. Cyprien Robert : ni ses récits ni ses jugemens ne sont oubliés de nos lecteurs. Nous croyons seulement pouvoir garantir la sincérité, l’ardente et ferme conviction du voyageur, qui en ce moment même est retourné, dans la péninsule gréco-slave, étudier sur les lieux les graves problèmes qui s’y agitent. Les nouvelles recherches de M. Robert sont, comme les premières, destinées à la Revue, qui attend de son collaborateur une suite d’articles sur l’état actuel des pays slaves. De si persévérans efforts ajoutent un nouvel intérêt au livre de M. Robert, qui prendra place, nous l’espérons, parmi les ouvrages les plus neufs et les plus curieux qu’on ait consacrés à la Turquie d’Europe.


V. de Mars.
  1. Deux vol. in-8o, chez J. Labitte, quai Voltaire.