de voir à quel point les progrès de la vapeur et son emploi probable excitent l’attention de nos voisins.
Le duc de Wellington, dans son témoignage devant le comité des naufrages institué par la chambre des communes, dit, à propos des côtes d’Angleterre opposées aux côtes de France :
« En cas de guerre, je considérerais que le manque de protection et de refuge qui existe maintenant laisserait le commerce de cette partie de la côte, et la côte elle-même, dans une situation très précaire. »
Dans la séance de la chambre des communes du 29 février 1844, une motion a été faite sur les ports de refuge à établir sur la côte d’Angleterre, et il est dit dans cette motion :
« Que c’était le devoir du gouvernement de Sa Majesté de pourvoir aux moyens de sécurité, non-seulement du commerce anglais, mais aussi des côtes de la Grande-Bretagne. On était tout-à-fait d’avis que si, à l’époque du camp de Boulogne, les bateaux à vapeur eussent été en usage, Napoléon aurait eu facilement les moyens de débarquer quinze à vingt mille hommes sur la côte. On ajoutait qu’on ne voulait pas dire qu’un semblable débarquement eût eu beaucoup de succès, mais l’effet qu’il eût produit aurait été de détruire cette confiance que nous inspire maintenant notre position insulaire. » On terminait en adjurant la législature de prendre en considération les grands changemens opérés depuis quelques années dans la navigation à la vapeur, et l’usage qui pourrait en être fait dans le cas d’une nouvelle guerre.
L’avertissement est bon pour la Grande-Bretagne ; il l’est aussi pour tous ceux à qui elle apprend que sa force réside dans cette confiance que lui inspire sa position insulaire.
Malheureusement, nous n’en profitons pas.
Ces cris d’alarme jetés au sein du parlement anglais devraient avoir dans nos chambres et par toute la France un retentissement salutaire ; notre ligne de conduite nous devrait être tracée de la main de nos voisins mêmes. Mais il n’en est pas ainsi : nous nous croisons les bras, l’Angleterre agit ; nous discutons des théories, elle poursuit des applications. Elle se crée avec activité une force à vapeur redoutable et réduit le nombre de ses vaisseaux à voiles, dont elle a reconnu l’impuissance. Nous, qui eussions dû la précéder dans cette réforme, et qui du moins devrions l’y suivre avec ardeur, c’est à peine, sur le chiffre de nos navires à vapeur, si nous en avons six qui soient capables de soutenir la comparaison avec ceux de la marine britannique.
Il est triste de le dire, mais on s’est endormi et l’on a endormi le