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de son oncle, arriva à Belmonte. Il fit quelques démarches, et insista auprès du juge pour obtenir la restitution des marchandises qui n’étaient pas encore vendues. Le juge fatigué lui répondit : « Vous savez ce qui est arrivé à votre oncle ; tenez-vous tranquille si vous ne voulez partager son sort. » Le pauvre neveu effrayé dut renoner à tous ses droits, car cette menace eût été suivie d’exécution.

L’administration de la guerre n’est pas mieux dirigée que l’administration de la justice. Ce n’est pas cependant que l’état ne s’impose pour les deux ministères de la guerre et de la marine des sacrifices considérables. Ces deux ministères absorbent plus de la moitié des recettes générales de l’empire. Si le service de la milice nationale était bien organisé, il serait facile d’opérer de notables économies. Les dépenses du ministère de la guerre sont d’environ dix-huit millions, la paie des soldats absorbe sept millions ; tout le reste est dévoré par le traitement des chefs supérieurs, par l’entretien d’une ou deux fabriques de poudre et d’un arsenal consacré à la réparation des armes de guerre.

Le nombre excessif des agens comptables augmente le désordre au lieu de le diminuer ; trésoriers et colonels, tous pillent a l’envi et envoient des états exagérés. Aussi est-il impossible de savoir d’une manière précise combien il y a d’hommes présens sous les armes. J’adopterai le chiffre donné dans un rapport aux chambres par le ministre de la guerre, bien que ce chiffre me paraisse exagéré. D’après ce rapport les troupes de ligne, chasseurs, cavalerie, artillerie, réparties entre toutes les provinces, s’élèveraient à seize mille hommes commandés par sept colonels, dix-neuf lieutenans-colonels, trente-trois majors, autant d’adjudans, cent soixante-dix capitaines, plus de cinq cents lieutenans et sous-lieutenans. Enfin, le cadre des officiers est au grand complet. A côté de l’armée régulière, il y a la garde nationale, infanterie et cavalerie, dont le chiffre s’élève à 6,000 hommes. L’organisation de l’armée, comme celle de la milice, laisse beaucoup à désirer. Le nombre des officiers supérieurs excède les besoins du service, et dans une campagne l’emploi d’hommes qui ont le même grade est presque toujours une cause active de désordre. L’armée brésilienne compte douze cents officiers, parmi lesquels les seuls capables de faire leur service sont des Portugais qui n’ont pu, lors de la révolution de 1831, renoncer à leur patrie adoptive. Les autres officiers, n’ayant aucune instruction et n’arrivant que par faveur, ne savent ni conduire leurs soldats ni leur donner l’exemple de la bravoure. Les grades militaires s’obtiennent avec d’autant plus de facilité