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depuis trois ans on ait élevé une toiture qui protége la coque de la frégate contre la pluie et le soleil. Les améliorations qu’exigent tous les ports du Brésil, les changemens à apporter dans I’établissement des phares, restent à l’état de projet, les sommes votées pour ces dépenses sont détournées, et les maux qu’il faudrait guérir ne font qu’étendre leur ravage. On vient de créer une commission chargée de veiller à l’amélioration des ports et au maintien d’une sage police maritime ; cette commission, en outre, est chargée de proposer tous les changemens qu’exigeraient les intérêts de chaque localité : elle commencera son rapport, mais une fois qu’il sera bien constaté qu’elle existe, l’inaction reprendra le dessus, et les chefs de la commission recevront tranquillement à Rio-Janeiro les émolumens de leur place, transformée en sinécure. Ces abus ne doivent pas nous étonner, et il ne faut pas aller jusqu’au Brésil pour en trouver des exemples.

Le Brésil aurait besoin surtout d’une marine à vapeur qui fût employée à multiplier les rapports entre la capitale et les provinces. Les bâtimens à voiles, ne peuvent servir pour cet objet, à cause des vents qui règnent constamment sur la côte. Il peut arriver qu’un bâtiment mette trois mois pour se rendre de Rio-Janeiro dans l’Amazone. Les bateaux à vapeur achetés en Angleterre par le gouvernement sont trop faibles pour le service qu’ils sont appelés à faire. Les bâteaux-postes qui transportent les dépêches mal tenus et mal commandés, éprouvent sans cesse des accidens. Ces bateaux partent de Rio-Janeiro tous les mois ; ils touchent à Bahia, à Fernambouc, à Maragnan et au Para. Ces bateaux ne s’éloignent jamais de la côte, et ils peuvent toujours rentrer dans un port en cas d’avaries ; mais les machines réparées à la hâte se brisent très souvent de nouveau. Embarqué à bord d’un de ces paquebots, j’ai dû trois fois rentrer à Maragnan : la quatrième fois, nous nous éloignâmes enfin de ce port ; mais, la machine s’étant cassée encore, c’est à l’aide d’une seule roue que nous parvînmes tant bien que mal au Para.

La prospérité agricole et commerciale, qui pourrait, jusqu’à un certain point, consoler le Brésil de la faiblesse de ses ressources navales et militaires, trouve un grave écueil dans les vices du caractère national. Le Brésil est un pays producteur, le commerce doit être la base de sa richesse ; l’exploitation des mines poursuivie avec intelligence la production sagement dirigée des denrées coloniales, assureraient à cet empire une grande prospérité. Quelle cause rend donc tant de richesses improductives ? Sur un sol fertile, au milieu des merveilles d’une végétation inconnue à nos climats, pourquoi la population