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sur un sujet dont aucun organe de la presse française ne s’est encore occupé[1].

Sous la domination espagnole, le Texas faisait partie de l’intendance de San-Luis de Potosi. C’est un vaste territoire qui s’étend de la Sabine à l’est, jusqu’au Rio de las Nueches, à l’ouest, et de la rivière Rouge, un des affluens du Mississipi, au nord, jusqu’au golfe du Mexique. La Sabine le sépare de la Louisiane, la rivière Rouge de l’Arkansas les montagnes de Saint-Saba des Indiens indépendans, le Texas touche, vers l’ouest et le sud, aux états mexicains de Coahuila et du Nouveau-Santander. On évalue fort diversement la superficie de ce territoire ; chaque parti, en Amérique, l’augmente ou la diminue suivant son intérêt. On lui donne quatre fois l’étendue de la Virginie, ou neuf fois celle du Kentucky ; on va même au-delà, mais par une exagération évidente l’appréciation la plus probable lui donne cent cinquante lieues de long du nord-est au sud-ouest, et quatre-vingts lieues de large, c’est-à-dire un tiers de la France. Le terrain est fort ondulé, et s’élève toujours à mesure qu’on s’éloigne de la mer, sans qu’il y ait cependant de hautes montagnes, la partie supérieure forme un vaste plateau d’où découlent en grand nombre des rivières fort considérables, le Brazo, le Guadalupe, le San-Jacinto, le Natchez, l’Arroyo, toutes navigables jusqu’à vingt lieues, et quelques-unes jusqu’à quatre-vingts lieues dans les terres. Les côtes, sur un développement de cent cinquante lieues, offrent au commerce plusieurs ports naturels dans la situation la plus avantageuse, comme Galveston et San-Luis La chaleur y est extrême, et la terre très propre à la culture du riz, de la canne et du coton ; la partie centrale présente, surtout au bord des rivières, une vaste étendue de savanes tout unies, très faciles à mettre en culture, et où la terre, vierge encore, porte la végétation la plus vigoureuse et promet de riches récoltes de maïs et de tabac. La partie supérieure seule, où il neige assez fréquemment l’hiver, se rapproche davantage, pour le climat, des états du milieu de l’Union. Les montagnes du nord-ouest, qui sont un démembrement de celles du Mexique, présentent des mines assez riches d’or et d’argent, et même de fer. Les spéculateurs en terre, pour qui le Texas est en ce moment

  1. La Revue des Deux Mondes a seule publié, dans ses livraisons du 1er mars et du 15 avril 1840, un travail sur le Texas, qui contient un récit développé de la guerre de 1836 entre l’état de Mexico et la nouvelle république. Ce récit nous dispensera de nous étendre sur les incidens de la guerre, et nous permettra de nous attacher surtout au rôle qu’a joué dans l’insurrection du Texas l’influence diplomatique des États-Unis.