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devant aucune extrémité ils feraient plutôt la conquête du. Mexique tout entier, en dépit du gouvernement fédéral. Aussi les deux chefs du parti du sud ; M. Holmes, de la Caroline du sud, et M. Payne, de l’Alabama, disaient-ils publiquement, il y a quelques semaines, dans la chambre des représentans, que le sud désirait avoir le Texas avec l’union, et que, s’il ne pouvait l’obtenir, il aurait alors le Texas sans l’union. Et ce, n’est pas là une vaine menace ; la séparation rencontrerait sans doute au sud une forte minorité, mais elle aurait lieu, car, comme je l’ai déjà dit, l’union n’est pas populaire au sud : c’est un préjugé passé en principe qu’elle est défavorable et funeste aux véritables intérêts des états du sud Les whigs le savent ; aussi, après avoir long-temps reculé, finiront-ils par faire le compromis le plus avantageux possible D’ailleurs la multitude, qui n’apprécie que difficilement les raisons politiques, se laissera toujours prendre aux idées d’agrandissement, de conquête et de richesse, et la cause de l’annexation, habilement exploitée, peut devenir un jour aussi populaire au nord qu’au sud, surtout si l’on sait alarmer la jalousie nationale et envenimer la question par la supposition d’une rivalité avec l’Angleterre.

III

Maintenant, quelles seront pour l’Union les conséquences de l’annexation du Texas ? Il y a, je le crois, dans l’adjonction de ce vaste Plateau qui domine le Mexique, toute une révolution pour les États-Unis. Un des premiers résultats de l’annexation sera d’accumuler plus rapidement que jamais la population africaine sur les bords du golfe du Mexique. Cette population y affluera d’autant plus qu’une immense quantité de terres propres à la culture du tabac, de la canne et surtout du coton, s’étendent sur le littoral du Texas ; terres vierges encore, qui promettent à ceux qui les exploiteront les premiers les plus magnifiques récoltes La tentation est déjà tellement irrésistible, que les Américains vont s’établir en foule au Texas, au prix même de leur nationalité. Il y a huit ans à peine que l’Arkansas a été admis dans l’union ; le tiers à peine de son vaste territoire est suffisamment peuplé, et cependant la moitié au moins des habitans du Texas sont sortis de cet état. Et ce ne sont pas seulement de simples particuliers qui migrent au Texas, mais des hommes considérables et tenant dans leur état un rang distingué. Le général Hamilton, qui a négocié le traité par lequel l’Angleterre a reconnu le Texas, a été gouverneur de la Caroline du sud. Plusieurs anciens membres du Congrès ont aussi renoncé