revenus, et pouvait mettre sur pied jusqu’à deux cent mille hommes de cavalerie. Peut-être la situation de Poonah, au sein des montagnes, nuisait à son développement d’une part, tandis que de l’autre la manie des combats, des chevauchées, des invasions, détournait les Mahrattes des travaux sédentaires ; le défaut de fleuves aussi, le manque de communications faciles et sûres, empêchèrent cette capitale de devenir un entrepôt de commerce, un centre de civilisation et d’industrie. Dans l’esprit de ses belliqueux habitans, Poonah, place ouverte, bâtie sur un plateau, au pied des monts et non à leur cime, impossible à défendre, ne représentait qu’un marché, et à l’approche de l’ennemi ils l’abandonnaient pour aller se réfugier dans les forteresses, emportant avec eux leurs richesses, c’est-à-dire leurs armes et leurs familles.
Les maisons, posées sur des assises de granit, consistent en des murailles de bois ornées de balcons, de toits en saillie, de galeries à jour, sculptées avec une certaine élégance, quelquefois dans le goût mauresque. Ces ornemens gracieux se mêlent assez bien aux frontons étagés des pagodes, aux coupoles de quelques temples imités de l’architecture mogole, aux pyramides tronquées et arrondies qu’on voit s’élever du milieu des jardins. Les édifices religieux, en Orient, ont une variété de formes qui peut se comparer à celle des arbres dans les forêts ; ceux-ci ont la hardiesse du palmier, ceux-là ressemblent par leurs dômes aux touffes de feuillage qui jettent près des sources une si belle ombre. Hors de la ville, non loin de la chapelle catholique portugaise, les musulmans ont leur mosquée et leur cimetière, où les tombes blanches surmontées d’une pierre taillée en turban, se cachent sous de véritables bosquets. On lit dans plusieurs auteurs que l’islamisme n’était point toléré sur le territoire de la confédération des Mahrattes ; cependant le fort de Maligaon, qui leur appartenait, et se rendit en 1818 aux Anglais, avait pour garnison une troupe d’Arabes à la solde des pechwas. Il faudrait entendre plutôt que la religion musulmane compta peu de prosélytes dans cette partie de l’Inde, qui devint, à l’époque de l’invasion, l’un des asiles du brahmanisme. Poonah prétend être la Bénarès de l’ouest, et les traditions antiques s’y conservent dans un collége encore existant. Le lycée brahmanique est établi dans un ancien palais du pechwa, composé de plusieurs corps d’habitation, que séparent des cours peu spacieuses, entourées d’un canal où l’eau coule toujours. Les portes sont basses, les escaliers étroits ; les appartemens ont des fenêtres ornées, mais privées de vitres ; les chambres du fond, tranquilles, isolées, habitées naguère par la partie féminine de la famille régnante, sont hantées aujourd’hui par de jeunes éco-