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prétentions mesquines, que l’on a voulu nommer l’entente cordiale ! Lorsque, le lendemain de la révolution de juillet, l’Angleterre et la France, marchant de concert, protégeaient le réveil des institutions libres en Belgique, en Portugal, en Espagne, leur union était plus puissante qu’aujourd’hui, et on n’avait pas cependant songé à lui donner une dénomination pompeuse. Elle était forte, parce qu’elle reposait sur de grands intérêts. Elle avait une base ; or, c’est justement ce qui manque aujourd’hui. Avec le seul intérêt d’avoir pour ministres d’un côté M. Peel, de l’autre M. Guizot, vous ne ferez pas ce qui peut s’appeler légitimement une alliance entre deux peuples. Vous ne ferez qu’un contrat entre des ambitions égoïstes. Voulez-vous unir solidement l’Angleterre et la France, associez-les dans une grande cause ; cherchez pour elles une grande entreprise, qui soit l’objet d’une émulation généreuse. Alors les passions des deux peuples, ainsi poussées au dehors et dirigées vers un noble but, produiront une intimité forte et durable, au lieu de ces tiraillemens perpétuels et de ces malentendus que nous voyons aujourd’hui.

On annonçait, depuis plusieurs jours, la paix avec le Maroc ; on disait que l’empereur accordait à la France les satisfactions demandées ; on ajoutait qu’un courrier, parti hier de l’hôtel des affaires étrangères, était allé porter à Madrid, au duc de Glucksberg, les pouvoirs nécessaires pour ratifier les conventions arrêtées par notre consul, M. de Nyon ; la paix semblait certaine, et voilà que tout à coup on apprend ce soir, à Paris, qu’une dépêche télégraphique vient d’apporter la nouvelle du bombardement de Tanger. Les satisfactions offertes par l’empereur n’ayant point paru suffisantes, M. le prince de Joinville, dit-on, a bombardé les défenses de la ville. On assure que la place renfermait quatre-vingts pièces de canon et un matériel de guerre considérable. Le prince de Joinville aurait renversé les fortifications établies par les Marocains du côté de la mer. En l’absence de tous renseignemens officiels, nous ne voulons pas calculer aujourd’hui la portée d’un évènement si grave et si imprévu.




L’histoire de nos provinces est encore à faire ; d’utiles et intéressans travaux viennent cependant chaque jour jeter de nouvelles lumières sur cette partie curieuse et peu connue des annales de la France. La province a déjà vu paraître plusieurs monographies remarquables : c’est tantôt l’histoire littéraire, tantôt l’histoire politique, qui ont été l’objet de patientes recherches. La Normandie, la Bretagne, la Flandre, ont eu leurs critiques et leurs historiens qui, le plus souvent inspirés par les souvenirs de la localité, ont porté dans leurs travaux une ardeur et une persévérance dignes d’encouragemens. L’Alsace a aujourd’hui son tour, grace à M. le baron Hallez-Claparède, qui publie sous ce titre : Réunion de l’Alsace à la France[1], une histoire abrégée du pays jusqu’aux dernières années du XVIIIe siècle. Parmi

  1. Un vol. in-8+, chez Franck, 69, rue Richelieu.