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sentirait l’importance capitale d’une faveur accordée ou même seulement promise aux fers et aux fontes belges, et se hâtant de reprendre la négociation dont nous avons parlé, il l’élargirait dans ce sens. S’il ne le fait point, et surtout s’il ne se presse pas de le faire, le plus grand évènement commercial qui soit arrivé depuis long-temps à nos portes non-seulement sera perdu pour nous, mais pourra être tourné contre nous.



ACADÉMIE FRANÇAISE.


Concours sur Voltaire. — Les Prix de vertu.


L’Académie française, si elle veut réellement être la sauvegarde de notre gloire littéraire, doit changer de rôle selon les circonstances. Qu’elle soit, quand tout va bien, une sorte de sénat conservateur, rien de mieux, pourvu qu’elle devienne, quand tout va mal, une sorte de gouvernement provisoire qui prend en main les affaires, lutte contre les tendances funestes, aide vigoureusement à remonter la pente, et s’efforce, en un mot, de rétablir l’ordre pour assurer l’avenir. Or, qui oserait dire que nous sommes dans une passe heureuse, que le talent et la conscience s’unissent d’inclination et font parfait ménage, et que le génie reste dans sa sphère élevée sans mêler aucun indigne commerce à ces spéculations sublimes ? N’est-ce pas le contraire qui serait exact ? — Un académicien illustre, un sage qui, depuis des années, regarde en amateur, du haut de son promontoire, passer les hommes et les choses, qu’il aime à juger d’un mot, disait récemment : L’abaissement éclate de toutes parts. De toutes parts, c’est peut-être contestable, et l’on sent percer ici l’exagération d’un grand esprit frondeur ; mais, à coup sûr, l’abaissement éclate dans les lettres. Le bon goût comme l’esprit de justice, l’élévation du cœur comme l’élévation de la pensée, ne sont pas en fortune, et courent même de si nombreux, de si pressans dangers, qu’il faut au plus vite prendre des mesures efficaces et proclamer le caveant consules ! que les consuls veillent ! c’est-à-dire que les académiciens ne s’endorment pas dans leur gloire !

Ce serait donc aujourd’hui le moment ou jamais pour l’Académie française de faire vu appel à toutes ses ressources, et d’intervenir puissamment pour