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aux besoins de la compagnie. Les directeurs n’ont pas cherché à produire au-delà de la quantité de fer qui leur est nécessaire. Les dépenses entraînées par une plus large exploitation de cette fonderie ne seraient pas couvertes dans un pays où le manque de population restreint nécessairement les bénéfices.

J’avais pu, en visitant les mines de Calta-Branca, prendre quelque idée de l’état de l’industrie minière dans un pays où elle fut jadis si florissante. Je ne voulais pas cependant m’en tenir à une première expérience. Ma route passait à travers les districts qui pouvaient le mieux fixer mes notions à cet égard. De Calta-Branca, je me rendis, laissant derrière moi plusieurs villages sans importance, à une autre mine non moins remarquable, celle de Morro-Velho. Situé dans le fond d’un vallon, encaissé de tous côtés par des montagnes, l’établissement de Morro-Velho a l’aspect d’une maison de campagne anglaise entourée de vastes dépendances. M. Herring, directeur de la compagnie de Morro-Velho, est non-seulement un homme aimable et distingué, mais sa femme et ses dix enfans forment la plus charmante famille qu’on puisse rencontrer. Mal secondé par les capitaines-mineurs envoyés d’Angleterre, qui sont incapables de dresser même un plan de la mine, M. Herring a dû diriger tous les travaux, et il s’est acquitté de sa tâche avec une prudence qui fait honneur à ses lumières. La mine de Morro-Velho forme un contraste complet avec celle de Calta-Branca ; les éboulemens y sont inconnus, et les travaux, poussés avec une grande activité, sont toujours conduits dans une pensée d’avenir. La grande difficulté que présente l’exploitation de cette mine, c’est l’extraction ou plutôt la séparation de l’or de son enveloppe de pyrite arsénical. La perte d’or calculée d’après des expériences est aujourd’hui de 50 pour 100. Cette mine, n’ayant plus à supporter que les frais d’entretien des travaux, peut néanmoins donner quelques dividendes aux actionnaires de la compagnie ; mais ses produits seront toujours limités par l’impuissance où l’on est, dans l’état actuel de la science, d’opérer parfaitement la séparation de l’or et du pyrite. L’étude des procédés à employer me parait digne d’occuper les savans ; quant à moi, je n’ai pu que constater les efforts faits par M. Herring pour obtenir de meilleurs résultats.

Morro-Velho est de 500 mètres moins élevé que Calta-Branca : aussi la température y est-elle beaucoup plus malsaine ; les brusques alternatives de chaud et de froid compromettent la santé de tous les hommes employés aux travaux, nègres ou blancs. Le docteur de la compagnie me disait avoir constaté une différence de 18 degrés dans la température