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faciles et peu coûteux. La navigation du Rio-Doce, du Rio-Micuri, du Rio-Grande de Belmonte, quoique offrant des obstacles, peut devenir praticable, si des ingénieurs habiles sont envoyés sur les lieux, si des cartes sont dressées avec soin. Aujourd’hui l’intérieur de la province est entièrement inconnu, et je ne serais nullement étonné qu’on ne découvrît un de ces jours quelque nouvelle rivière navigable. Aucune province n’est arrosée par un aussi grand nombre de cours d’eau qui, presque tous, ont leurs sources dans la Mantiqueira, et se versent dans les quatre grands fleuves, Rio-Doce, Rio-Grande, Rio-San-Francisco, Rio-das-Mortes. Il faut toute l’incroyable apathie des Brésiliens pour que ces ressources naturelles n’aient pas encore été utilisées ; et tandis qu’on abandonne les rivières sans penser à les rendre navigables, on parle d’un projet de chemin de fer que le gouvernement compte sans doute suspendre d’une montagne à l’autre.

Les anciennes formalités imposées aux voyageurs qui voulaient pénétrer dans le district des Diamans n’existent plus depuis que le monopole du gouvernement a été aboli. On entre et on sort librement, sans être soumis à aucune visite. Les diamans se vendent au plus offrant, et l’état ne prélève aucun droit sur la vente ; il n’y a que l’or qui est soumis à un droit d’exportation et soi-disant de monnoyage. Il existait jadis un hôtel des monnaies à Villa-do-Principe ; aujourd’hui il y a encore un directeur et des employés qui reçoivent leurs traitemens sans remplir aucune fonction. Le ministre des finances a proposé au congrès, en 1843, une loi qui autoriserait le gouvernement à vendre toutes les mines qui seraient découvertes, et même celles dont la propriété n’aurait pas été légalement reconnue. Ce décret s’appliquerait principalement au district de Tejucco (Diamantina), dont le gouvernement a dû abandonner l’exploitation, toute la population s’étant soulevée contre le monopole exercé jusqu’alors, et chacun ayant pris possession des terrains exploités par le gouvernement. Si cette mesure est adoptée et mise à exécution, les propriétaires actuels des mines exploitées devront entreprendre des travaux, soit pour le détournement de la rivière Jequitinonha, soit pour l’exploitation des terrains riches, abandonnés par crainte des nègres libres. Ceux-ci se croient en effet le droit d’exploiter toutes les terres, sans qu’aujourd’hui, dans l’état de la législation, on puisse mettre obstacle à leurs prétentions ; car les terrains appartiennent au gouvernement, qui n’a jamais reconnu l’abandon que comme une nécessité, et le nègre qui travaille seul ne doit pas être traité plus sévèrement comme usurpateur que celui qui exploite un terrain avec vingt esclaves. La solution de cette question