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Yellow-Stone-River et du Missouri a été bâti par M. Mackenzie dans l’autome de 1820. Cet établissement, le plus important de la compagnie américaine des pelleteries, est le centre du commerce qui se fait avec les peuplades des Montagnes Rocheuses au moyen de deux postes avancés : le fort Cass, situé à deux cents milles plus haut sur le Yellow-Stone-River, et le fort Mackenzie, construit à six cent cinquante milles plus haut sur le Missouri. Le premier de ces forts sert à entretenir des relations avec les Indiens Corbeaux ; le fort Mckenzie met la compagnie en rapports directs avec les trois grandes tribus des indiens Pieds Noirs. Plus de cinq cents employés ou engagés sont entretenus dans ces forts du haut Missouri ; les uns, tels que les engagés ou voyageurs, servent de bateliers, de chasseurs, de colporteurs, et comme tels se mêlent aux Indiens, qu’ils vont chercher chez eux, et dont à la longue ils prennent les habitudes. Ce sont les plus utiles et les plus exposés des agens de la compagnie. Armés jusqu’aux dents, ils sont souvent obligés de combattre des partis d’indiens hostiles, et il ne se, passe pas de printemps qu’il n’en tombe un certain nombre sous les armes qu’eux mêmes ont fournies à ces Indiens. Les rives du Missouri étant devenues moins giboyeuses, ils sont maintenant obligés de se hasarder davantage dans l’intérieur du pays, et de pousser leurs expéditions jusqu’au cœur des Montagnes Rocheuses, où souvent, ils hivernent. Ils se retranchent alors dans de petits postes appelés loghouses, qui servent de points de ralliement aux Indiens qui y apportent les fourrures qu’ils ont recueillies. Lors du voyage du prince Maximilien, ces postes étaient au nombre de vingt-trois. La compagnie les fait ravitailler pendant l’été par des détachemens bien armés, conduits par ses agens les plus résolus. Ils portent aux engagés stationnaires les marchandises, munitions, vêtemens et pièges dont ils ont besoin, et rapportent les fourrures échangées[1].

  1. On peut juger de l’importance du commerce des pelleteries par le tableau de la quantité moyenne des peaux rapportées annuellement de l’intérieur, que nous extrayons de l’ouvrage du prince de Wied-Neuwied.
    Les animaux dont on recueille les fourrures sont : le castor, fournissant environ 25,000 peaux, — la loutre, 200 a 300 peaux ; — le bison, de 40,000 à 50,000 peaux ; — le fisher (mustela canadensis) 500 à 600 peaux ; — la martre, même nombre ; — le lynx du nord (felis canadensis), de 1,000 à 2,000 peaux ; — le lynx du midi (felis fulva), même nombre ; — le renard fauve, 2,000 peaux ; — le renard argenté, 20 à 30 peaux ; — le cross fox (canis decussotus), de 200 à 300 peaux ; — le vison, (mustela vison), environ 2,000 peaux ; — le rat musqué (ondathra), de 1,000 à 100,000 peaux (d’après le capitaine Back, on importe à Londres un demi-million de ces peaux tous les ans, cet animal étant répandu et fort nombreux jusqu’aux bords de la mer Glaciale) ; — enfin les cerfs (cervus virginianus et macrotis), de 20,000 à 30,000 peaux. — Les peaux d’elk (cervus canadensis) et les peaux de loups sont les moins estimées ; on ne s’en sert que pour des usages locaux.