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Page:Revue des Deux Mondes - 1844 - tome 8.djvu/501

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SIMPLES ESSAIS


D’HISTOIRE LITTÉRAIRE.

VII.
LES GROTESQUES EN LITTÉRATURE.

Dans les spirituels caprices de ses causeries, ce pauvre Nodier aimait à dire qu’en littérature l’art de ne pas vieillir consiste, malgré l’apparence, à savoir ne pas s’obstiner dans la jeunesse. Sous un air de paradoxe, l’assertion cache une vérité, et cette vérité me revient toujours au souvenir quand il s’agit de certains romantiques à tous crins (comme dit M. Gautier), qui, au sein des générations survenantes, ont gardé toutes les fantasques allures du temps d’Hernani et de la Ballade à la Lune. La châtelaine précisément de ce feuilleton où M. Gautier prodigue et gaspille chaque lundi tant de verve et de couleur, Mme de Girardin laissait naguère échapper de sa plume je ne sais plus quelle élégie coquette sur ces charmans bonnets de l’an passé, qui régnaient hier, qui sont surannés aujourd’hui ; n’est-ce pas un peu, je le demande, l’image des écoles poétiques, quelles qu’elles soient, qui s’obstinent à tout jamais dans une théorie exclusive et tranchante ? Il deviendrait piquant que le romantisme à son tour eût ses perruques, pour parler avec l’historien des Grotesques[1]. As-

  1. Deux vol. in-8o, chez Desessart, rue des Beaux-Arts, 8.