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rencontrera dans le parlement. En butte à de nouvelles accusations, il ne trouvera cette fois, pour le sauver du péril, ni le secours des circonstances, ni les fautes, ni la générosité imprudente de ses adversaires. Les circonstances actuelles sont favorables à une opposition modérée, qui, sans vouloir changer les bases du gouvernement, reconnaît la nécessité d’imprimer à sa politique une direction plus ferme au dehors, plus fructueuse au dedans, plus conforme aux sentimens et aux besoins de la nation. Le pays est mécontent, mais il est calme : peut-on craindre de le troubler en attaquant une politique qu’il réprouve, et que les élections de 1842 ont condamnée ? Est-ce la couronne que l’on peut craindre d’ébranler ? Grace à Dieu, la cause de la couronne, pas plus que celle de la paix ou de l’alliance anglaise, n’est liée à la fortune du cabinet, et nous ne voulons pas aujourd’hui de catastrophe du 13 juillet qui puisse faire oublier la politique ministérielle au milieu de la douleur publique. Privé du secours des circonstances, le ministère se trouvera donc face à face avec l’opposition ; or, cette opposition, quelle est-elle ? quelle sera son attitude, sa marche sa conduite ? Sera-ce une opposition désunie, portant ses coups à l’aventure, parlant pour le plaisir de parler, n’ayant d’autre but que l’attaque, ne sachant pas même ce qu’elle doit faire du succès ? Sera-ce une opposition silencieuse ? ou bien sera-ce une opposition exagérée, violente, une de ces oppositions qui raffermissent les ministères ébranles en leur procurant des triomphes oratoires et en effrayant la majorité ? S’il en devait être ainsi, le ministère du 29 octobre aurait peu de chose a craindre ; il pourrait se tenir tranquille des à présent. Mais, non, tout annonce au contraire que l’opposition de la session prochaine ne ressemblera pas à celle des années précédentes ; elle sera unie, elle aura un plan arrêté, elle agira de concert et dans une pensée commune. Tout indique chez les hommes que l’opinion désigne comme devant être les chefs de cette opposition nouvelle l’intention de combiner leurs efforts et de marcher dans la même voie. Leurs principes sont les mêmes ; ils font au ministère les mêmes reproches ; ils désirent pour le pays la même politique : pourquoi ne s’entendraient-ils pas ? Cet accord aura-t-il lieu dans l’ombre ? Non Tout démontre que, s’il a lieu, il éclatera à la tribune tout prouve aussi que le langage de cette opposition sera calme et modéré domine ses principes : ce sera le langage d’une opposition conservatrice. On verra quels sont ces ennemis de la paix, ces adversaires de l’alliance anglaise, ces chefs du prétendu parti de la guerre, si traîtreusement désignés par notre cabinet aux défiances et aux ressentimens britanniques : on verra quels sont ces amis douteux de la royauté, calomniés depuis plusieurs mois par les journaux du pouvoir !

Certes une semblable opposition, naturellement amenée par les évènemens et sortie des entrailles même du pain conservateur, n’est pas faite pour rassurer le ministère. Aussi voyez comme il laisse percer ses craintes, en dépit des provocations ironiques de ses journaux. Il avait annoncé une promotion de pairs. La liste devait paraître ces jours derniers. Elle avait été débattue vingt