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place ailleurs que dans les mines, et qu’il deviendra un des meubles obligés de ces brillans magasins dont l’éclairage au gaz semble doubler l’éclat et la richesse. Là aussi il remplira les fonctions d’une sentinelle vigilante, et préviendra les suites désastreuses trop souvent amenées par la négligence d’un commis ou quelqu’une de ces fuites de gaz que les soins les plus attentifs ne peuvent pas toujours éviter.

Le gazoscope a déjà subi de nombreuses épreuves dans l’usine à gaz de Grenelle et dans les mines de Saint-Étienne. Partout il s’en est tiré avec honneur. Déjà il a mérité à son inventeur un premier encouragement de la part de l’Académie, et depuis lors il a reçu de nombreux perfectionnemens. Espérons que l’expérience en prouvera de plus en plus l’utilité réelle, que, grace à lui, nos mineurs ne seront plus victimes du terrible feu grisou, et que l’Académie pourra, à juste titre, décerner à M. Chuart le prix que M. de Monthyon a voulu donner chaque année à celui qui rendrait plus salubre ou moins dangereuse une profession quelconque.


Le sol de l’ancienne Gaule était, on le sait, couvert presque en entier d’arbres séculaires qui, disparaissant peu à peu devant le chiffre toujours croissant de la population, ont été rarement remplacés. De nos jours surtout, le déboisement a marché avec tant de rapidité, que des lois sont devenues nécessaires pour en réprimer les excès, et pour conserver à la France le peu qui lui reste de ses anciennes richesses forestières. Depuis 1824, un enseignement spécial, habilement dirigé, a imprimé une impulsion salutaire aux études qui ont pour objet l’art de conserver, d’utiliser les forêts. Des ouvrages nombreux et importans ont été publiés sur ce sujet, qui intéresse au plus haut degré la richesse publique, la prospérité de plusieurs grandes industries et le bien-être de chacun de nous ; mais ces progrès mêmes ont fait sentir la nécessité de ne plus se contenter de simples approximations, et d’introduire la précision scientifique dans l’exposé des faits que fournit l’expérience.

Un des premiers pas à faire dans cette voie était de déterminer rigoureusement la valeur de l’unité ou du terme de comparaison employé dans l’évaluation du rendement des forêts. Cette unité est le stère, dont les dimensions sont, il est vrai, définies mathématiquement, mais dont la valeur, utile n’avait pas encore été recherchée. Pour que ce mot exprimât une idée précise, il fallait déterminer ce qu’un stère des diverses espèces ou essences de bois renferme en poids de matière combustible, et quelle est la quantité de chaleur qu’il peut donner ; alors seulement on pourra reconnaître avec précision le produit réel d’une forêt, apprécier les variations dépendantes du climat, de l’exposition, de la nature du sol, du mode d'aménagement ou d’exploitation, et comparer le revenu que donnent les arbres avec celui que l’homme retire de l’agriculture.

Telles sont les questions importantes que M. Eugène Chevandier a essayé de résoudre par la voie expérimentale. Sous-directeur de la manufacture de