Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 10.djvu/1006

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bois et la houille ; puis il en a déduit l’épaisseur de la couche de houille correspondante à un poids de bois déterminé. Le résultat de ses calculs s’accorde entièrement avec celui qu’avait obtenu M. Élie de Beaumont. Comme notre illustre géologue, il est arrivé à la conclusion suivante : la couche de houille que nos forêts pourraient produire sur place par l’accumulation de leurs produits pendant un siècle entier serait d’environ seize millimètres.

Si, pendant la période houillère, la végétation eût été ce qu’elle est de nos jours, on voit qu’un filon de charbon de terre ayant un mètre d’épaisseur représenterait la somme des produits accumulés pendant plus de six mille années. Or, il existe des couches de houille bien autrement puissantes, et l’imagination recule vraiment à l’idée du temps qu’aurait exigé leur formation ; mais à l’époque où se déposaient sur une terre jeune encore les inépuisables magasins de combustible que l’industrie exploite aujourd’hui, les conditions étaient bien différentes. La flore de ces âges reculés se compose presque uniquement de végétaux vasculaires à croissance hâtive, à renouvellement fréquent. Sans cesse plongés dans une atmosphère brûlante, saturée d’humidité et d’acide carbonique, leur développement devait se faire avec une incroyable rapidité. Aussi dirons-nous, avec les savans dont nous venons de rappeler les travaux, que les chiffres résultant des observations actuelles sont de beaucoup trop élevés. Une houillère qui, dans la période géologique où nous vivons, demanderait des milliers d’années pour se former, se déposait peut-être alors en deux ou trois siècles.


Pas plus en zoologie que pour les autres branches de nos connaissances, les classifications ne sont la science elle-même. Ces cadres où nous disposons les nombreuses espèces animales doivent seulement servir à aller au-delà et faciliter l’étude des êtres en reproduisant autant que possible les rapports déjà reconnus entre eux. Aussi les idées générales qui président à ces groupemens toujours un peu arbitraires ont une importance réelle. Justes, elles évitent au zoologiste de longs tâtonnemens ; c’est un chemin qui le conduit droit au but. Fausses, elles l’entraînent à des recherches infructueuses ; c’est un sentier perdu qui l’égare. Malgré les progrès immenses dus aux travaux des Linné, des Lamarck, des Latreille, des Blainville, des Cuvier, les classifications zoologiques laissent encore beaucoup à désirer. M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire s’est efforcé de perfectionner celle des mammifères, et, dans une des dernières séances de l’Académie, il a présenté les tableaux dressés d’après ses idées personnelles.

Depuis plusieurs années, M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire professe, dans ses leçons du Jardin des Plantes, l’opinion que les espèces animales dérivées de types différens présentent des modifications semblables. De ces modifications résultent par conséquent des séries distinctes dont chacune possède un certain nombre de termes représentés dans les autres par leurs analogues. Ce zoologiste désigne ces séries partielles par l’épithète de paralléliques,