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Londres, Douvres (ici une lacune de sept lieues de mer), elle reprend terre à Boulogne, arrive sur Paris, de Paris sur Lyon, de Lyon sur Avignon, d’Avignon sur Marseille, où elle s’arrête. Il s’en faut sans doute de beaucoup que cette voie gigantesque soit aujourd’hui parcourue dans son ensemble ; mais elle le sera : plusieurs de ses parties sont construites ; nous pouvons déjà fixer l’époque où les autres seront achevées. Le chemin de Newcastle à Douvres, qui s’étend sur une longueur d’environ cent quarante lieues, est en activité ; celui d’Édimbourg à Newcastle sera terminé d’ici à deux ans, celui de Boulogne à Paris dans trois, celui de Paris à Lyon et celui de Lyon à Avignon dans cinq, celui d’Avignon à Marseille avant deux ans. On peut donc dire en principe que cette ligne existe. Moyen de communication de l’Angleterre avec la France, et par elle avec cette Méditerranée qui est le chemin de l’Afrique, elle réunit des intérêts jetés sur une échelle immense. — Tirons à présent une seconde ligne parallèle dont la direction, également tournée du nord au sud, reliera la mer d’Allemagne à l’Adriatique. La tête de ce chemin de fer est à Hambourg ; de Hambourg à Berlin, de Berlin à Dresde, de Dresde à Brunn, de Brunn à Gratz (par Vienne), et de Gratz à Trieste, il décrit un parcours d’environ trois cent quarante lieues. La continuité n’existe pas sur toute l’étendue de la voie ; de Hambourg à Berlin, nous estimons soixante-dix lieues en construction ; de Berlin à Dresde, c’est fait ; de Dresde à Brunn, il y a une lacune de soixante-quinze lieues qui se remplit à cette heure ; de Brunn à Gratz, le service est en activité ; de Gratz à Trieste, nous comptons à peu près cinquante lieues à ouvrir. L’exécution complète de cette ligne rencontre des obstacles dans la surface accidentée du territoire qu’elle traverse, mais elle est forcée. Touchant par Hambourg au Danemark, et par Trieste à l’Orient, elle répandra la vie sur les populations du Nord, et amènera peut-être cette unité germanique rêvée par Charlemagne et par Napoléon.

Il nous reste à croiser la direction de ces deux lignes, qui vont du nord au sud, par trois, autres lignes allant de l’est à l’ouest. La supérieure est destinée à joindre la Manche avec la Baltique. Elle s’avance du Havre à Paris, de Paris à Valenciennes, de Valenciennes à Cologne, de Cologne à Hanovre, de Hanovre à Stettin. Elle ne présente que deux solutions de continuité, l’une de Paris à Valenciennes, et l’autre de Cologne à Hanovre. Ces deux lacunes provisoires seront comblées d’ici à deux ans. La ligne complète sillonnera au moins trois cent quatre-vingts lieues. Moyen de transit de la France, de la Belgique,