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absorbent environ 400,000 francs. — Un impôt qui paraîtrait des plus lourds si chaque Parisien évaluait la perte de son temps et les dépenses auxquelles il est entraîné, la garde nationale, coûte encore à la commune 956,000 francs. Il y a sur cette somme 304,652 francs pour les tambours. — Nous négligeons quelques chapitres qui, sous les titres de dépenses diverses, facultatives, imprévues, supplémentaires, comprennent les paiemens arriérés, l’allocation à la bibliothèque, les fêtes et les réjouissances publiques, les pensions et secours, les déboursés accidentels. Tous ces menus frais, dont il serait fastidieux de détailler l’emploi, forment toujours un total flottant entre 2 et 3 millions.

La grande voirie, l’entretien des édifices, des établissemens communaux et de la voie publique, constituent une des plus légitimes comme des plus grandes dépenses. L’allocation qui leur est consacrée, détaillée en quatre chapitres, dépasse en total 3 millions et demi. L’article le plus important est l’entretien du pavé de Paris. Au surplus, la noble cité aurait mauvaise grace de regretter ce sacrifice, car, si l’on en croit nos vieux chroniqueurs, c’est au pavage qu’elle doit son nom. « Un jour, disent les naïves Chroniques de Saint-Denis, le bon roi Philippe-Auguste se mist à une fenestre de son palais, pour regarder la Seine couler… Si advint en ce point qu’une charrette qui charrioit, vient à mouvoir si bien la boue et l’ordure dont la rue étoit pleine, qu’une pueur en issit, si grande qu’elle monta vers la fenestre où le roi estoit. Quand sentit cette pueur si corrompue, il s’entourna de cette fenestre en grande abomination de tueur ; lors fist mander li prévost et borgeois, et li commanda que toutes les rues fussent pavées bien soigneusement de grès gros et forts. De ce moment, le nom de Lutèce fut changé en celui de Paris. » Les droits utiles dont Philippe-Auguste se démit en faveur de sa bonne ville qu’il aimait tant se trouvaient sans doute bien insuffisans pour mener à fin une telle entreprise. Heureusement, un financier aussi libéral qu’opulent, Gérard de Poissy, avança 14,000 livres, somme qui représenterait peut-être 2 millions de notre temps, en prenant pour base d’évaluation les savantes conjectures de M. Leber. La dépense d’entretien a toujours été en augmentant, à mesure que s’est élargie la surface entretenue. Sous Louis XIII, on consacrait environ 100,000 livres au pavage pendant les belles années de Louis XIV, 233,000 livres ; vers le milieu du XVIIIe siècle, 310,000 liv. ; avant la révolution, plus de 600,000 liv. ; pendant la période impériale, environ 800,000 francs. Aujourd’hui, la dépense est partagée par moitié entre la ville qui en profite et l’état. Or, pendant l’exercice de 1843, la seule moitié à la charge de Paris s’est