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Museum. Les hiéroglyphes sont de la plus grande perfection. La petitesse de ces obélisques ne doit pas être attribuée à un certain affaiblissement du principe religieux ; car, aux époques mêmes où s’exécutaient les plus grands travaux, où l’on taillait et dressait les obélisques les plus gigantesques, on en faisait aussi de très petites dimensions, tels que ceux de la Minerve (24 p. 9 p.), qui est de Thouthmosis III, de la Rotonde (env. 20 p.), qui est de Ramessès II, à Rome, et celui d’Alnwick (9 p.), qui est d’Amenophis II.

La plus grande perfection de travail se montre surtout dans le fameux sarcophage en brèche verte de Cosseir, trouvé à la mosquée de Saint-Athanase, et que sa grande magnificence a long-temps fait passer pour celui d’Alexandre[1]. Il est à présent reconnu que c’est le sarcophage d’Amyrtée. L’exécution en est parfaite. La matière de ce tombeau, maintenant déposé au Musée britannique, est une des plus dures et des plus difficiles à travailler qui aient exercé l’adresse et la patience des Égyptiens. On ne se lasse pas d’admirer la finesse et la pureté des traits des hiéroglyphes, ainsi que des innombrables sculptures qui décorent toutes les parois de ce sarcophage magnifique. Ce monument seul attesterait que les Égyptiens, quatre cents ans avant notre ère, n’avaient rien perdu dans l’art de travailler les matières les plus rebelles, et qu’ils continuaient d’être doués de cette patience à toute épreuve qui leur faisait supporter les plus rudes travaux, en même temps qu’ils conservaient le sentiment particulier qui les guidait depuis bien des siècles dans toutes leurs œuvres d’art.

Le nom de son successeur Nepherites, écrit Néphérout, se trouve une fois dans les ruines de Thèbes[2], au petit temple du sud-est à Karnak ; il se lit dans les carrières de Masarah, et sur le trône d’une statue en basalte noir déposé à l’institut de Bologne, et qu’on dit être de bon style. Il en est de même d’un sphinx en basalte noir qui fait partie du musée du Louvre, et dont le travail est digne des meilleurs temps.

Le troisième roi, Achor ou Akhoris, malgré la lutte qu’il eut à soutenir contre les Perses, ne négligea pas les travaux relatifs aux temples. À ce prince appartient la sculpture du mur austral qui, dans le temple du nord à Karnak, joint le pylône au naos, ainsi que les colonnes, dites protodoriques, qui soutiennent les plafonds du Thouthmoséum à Medynet-Abou. Il fit réparer un petit temple de Rhamessès à

  1. Descr. De l’Égypte ; Antiquités, t. V, pl 40.
  2. Wilkinson, Manners and Customs, I, 206.