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la France. Un docteur Priestley, recommandable par son caractère privé et par sa science, mais sectaire ardent et fanatique, publiait, en réponse au livre de Burke, des écrits où il prophétisait la destruction de l’église établie et même celle du trône. L’adhésion que ces provocations factieuses trouvaient dans les rangs inférieurs de la société n’était pourtant pas unanime. A Birmingham, où résidait le docteur Priestley, les révolutionnaires ayant célébré par un banquet le second anniversaire, de la prise de la Bastille, la populace, irritée de cette démonstration, se porta sur la maison où avait eu lieu le banquet et la démolit de fond en comble. Les maisons de prière des dissidens, la demeure particulière de Priestley, avec la riche bibliothèque et le laboratoire qu’il y avait réunis, plusieurs autres maisons appartenant aussi à des personnes étrangères à l’église anglicane, furent également saccagées et livrées aux flammes, tant dans la ville même qu’aux environs. Après quatre jours d’une effroyable anarchie, l’arrivée de la force armée mit enfin un terme à ces violences. Plusieurs des malheureux qui s’y étaient laissé emporter furent mis en jugement, et quelques-uns payèrent de leur tête les crimes qu’ils avaient commis.

Les évènemens de Birmingham devinrent pour l’opposition un texte d’attaques déclamatoires contre le gouvernement et contre les magistrats, qu’on accusait d’avoir favorisé les troubles par leur connivence, et de n’avoir pas poursuivi les vrais coupables. Lorsque les chambres se rassemblèrent, le 31 janvier 1792, Fox se rendit l’organe de ces accusations, auxquelles il mêla de pompeux doges de Priestley et des dissidens, présentés par lui comme les défenseurs de la constitution. Quelque temps après, un jeune député qui devait acquérir plus tard une assez grande importance, Whitbread, demanda une enquête sur ces faits en termes qui supposaient la complicité des magistrats et presque du gouvernement. Il fut victorieusement réfuté par Dundas, et sa motion fut rejetée à une immense majorité.

Les efforts de l’opposition pour obtenir de la chambre la réprobation formelle de la marche suivie par le cabinet dans les négociations qui avaient précédé la paix conclue entre la Russie et la Porte ne furent pas plus heureux. Vainement.Fox lui reprocha d’avoir compromis l’honneur du pays dans ces négociations, et félicita audacieusement la minorité d’avoir fait échouer les plans du gouvernement ; vainement Grey et Whitbread voulurent-ils, après lui, rouvrir une discussion dont l’objet était si pénible pour la fierté britannique. Pitt répondit constamment qu’il s’était proposé de maintenir dans l’Orient la balance