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Wallis, les Lettres de Descartes, les Œuvres de Pascal et les manuscrits inédits rassemblés par Arbogast doivent en fournir les élémens principaux non compris tout ce que pourront faire découvrir les recherches qui se font actuellement dans différens pays. La correspondance épistolaire, toujours si intéressante lorsqu’il s’agit d’un homme supérieur, deviendra probablement ici la partie principale, puisqu’ordinairement Fermat communiquait par lettres ses travaux, sans les rédiger et sans même en garder de copie. A ses lettres, il faudra, autant que cela sera possible, joindre les réponses, qui, surtout dans une correspondance dont il ne nous reste que des fragmens, suppléent parfois aux lettres qui manquent, et font mieux connaître l’ensemble. D’ailleurs, dans les discussions fréquentes que Fermat soutint avec Descartes, avec Pascal et avec d’autres savans, si l’on n’avait pas toutes les pièces de la polémique, il serait impossible de bien comprendre la question. Ce mode de publication a déjà été suivi par les éditeurs des œuvres de Descartes et de Galilée, et même pour les Opera varia de Fermat.

Dans l’exposé des motifs du projet de loi relatif à la publication des Œuvres complètes de Fermat, M. Villemain avait fait allusion aux différentes sources auxquelles il fallait puiser, afin que l’édition projetée répondît au vœu des savans. Le rapporteur de la commission nommée par la chambre pour examiner ce projet de loi paraît, chose étrange ! n’avoir peu connaissance de cet exposé de motifs ; car, tout en concluant en faveur de l’adoption, il a raisonné comme si l’on ne connaissait d’autres écrits imprimés de Fermat que les Opera varia et les notes marginales sur l’ouvrage de Diophante[1]. De la publication faite par Wallis, des lettres et des opuscules publiés dans la correspondance de Descartes, de ce que Bossut a inséré dans son édition des œuvres de Pascal, le rapport n’en dit pas un mot. Bien plus, on y propose de supprimer des lettres en assez grand nombre déjà publiées dans les Opera varia, et plusieurs articles relatifs aux recherches que Fermat avait faites sur certaines parties de l’analyse indéterminée. Passant au Diophante, le rapporteur demande qu’on ne le réimprime pas, d’abord, dit-il, parce que les éditions qui existent de cet ouvrage sont bien suffisantes pour les érudits, et ensuite parce que, à son avis,

  1. Après avoir mentionné les Opera varia de Format, le rapporteur dit : « Tel est l’ouvrage, devenu aujourd’hui assez rare, que M. le ministre de l’instruction publique, dans des vues dont les sciences doivent être reconnaissantes, désire faire réimprimer aux frais de l’état. »