n’avait pas ouvert aux Espagnols sa capitale, il n’avait pas non plus employé la force pour les éloigner. Il les avait fait observer par ses ambassadeurs. Le plus habile d’entre eux, Teutlile, avait des instructions afin de constater ce qu’il pouvait y avoir de commun entre les Espagnols et Quetzalcoatl ; aussi, ayant remarqué sur la tête d’un des soldats un casque doré semblable à celui que portait l’image du dieu, Teutlile avait demandé que le casque lui fût remis afin de l’expédier en toute hâte à Tenochtitlan (Mexico) comme une pièce de conviction. Cependant Cortez insistait toujours pour être admis à présenter à l’empereur le message qu’il prétendait apporter de la part de son souverain. Il faisait plus, il se rapprochait, pendant qu’on lui en refusait la permission. Maintenant il était à Tlascala, chez les ennemis des Aztèques. Il s’était montré plus formidable encore qu’on ne le supposait. Il était difficile de ne pas accueillir sa demande, et l’on pouvait se réserver par quelque embuscade le moyen de s’en débarrasser. A Tlascala donc, une dernière ambassade de Montezuma vient trouver Cortez, chargée de riches présens, de même que les autres. Cette fois, Cortez était invité à se rendre auprès de l’empereur, et on l’engageait à ne pas se lier avec les Tlascaltèques, qui, disait-on, étaient des barbares, des gens de bas étage. On lui indiquait pour se rendre à la capitale la route de Cholula, assurant que, dans cette ville, des préparatifs dignes de lui avaient été faits pour le recevoir. S’il faut en croire les historiens espagnols, c’est un complot qu’on y avait préparé.
Je glisse sur les évènemens de Cholula, quoique ce soit un remarquable épisode plein de dramatiques horreurs. Je ne m’arrête pas davantage aux détails du voyage de Cholula à Tenochtitlan, quoique ce soit sacrifier la description de villes curieuses, de jardins plus fastueux que ceux de l’orgueilleuse Sémiramis, et de montagnes dont les défilés rappellent les pays enchantés des romans de chevalerie. Entrons dans la capitale avec Cortez. Le voilà dans cette Venise au milieu des montagnes. Il habite le palais bâti par l’empereur Axayacatl, père de Montezuma, au pied de la grande pyramide. Cette vaste demeure, comprenant plusieurs bâtimens clos dans une même enceinte, suffit à loger les Espagnols et les Tlascaltèques qui les ont suivis, avec les nombreux serviteurs que leur a donnés le prince mexicain. Rien ne leur manque. Les habitans de la ville leur témoignent les plus grands égards, car décidément ce ne peuvent être des hommes qui ont accompli de pareilles prouesses, résisté à tant d’efforts, surmonté tant de périls, traversé sans en recevoir d’atteinte tant d’embûches ; ce doivent être des